- Ecole militaire d'infanterie cherchell - 1942 - 1962

LA VILLE MODERNE

La conquête de Cherchell par les français : 15 mars 1840

Revue : Le Magasin Pittoresque, année 1841

Les portes

La ville moderne n’occupe qu’une petite partie de l’antique Césarée dont l’espace de 2,5 km sur 1,5 km, bordé par un enceinte de remparts était notablement plus étendu. Entre les thermes de l’Est et ceux de l’Ouest, la ville s’étend face à la mer au pied de pentes verdoyantes. Le paysage est typiquement méditerranéen et rappelle la Grèce, l’Italie ou la Provence
Des andalous se sont installés à Cherchell, fin du XVe siècle. La Grande Mosquée, dite aux cent colonnes est occupée par l’Hôpital militaire et actuellement civil. Une famille venue du Maroc, les Ghobrini, dont le plus connu est Sidi Brahim, exerça une autorité morale et religieuse : les koubbas des membres de cette famille sont sur la route d’Alger, à l’entrée de Cherchell
Cherchell fut occupée par les français en 1840.Une nouvelle enceinte fut construite épousant les contours de la ville moderne
Depuis l’indépendance de l’Algérie, l’église dont la façade est constituée de colonnes romaines est devenue mosquée. Et l’École est devenue Académie Militaire Interarmes formant les cadres de l’Armée Algérienne.

				

Porte de Miliana Porte de Ténès

Porte de Ténès : le mur d'enceinte a été détruit


Le mur d'enceinte de part et d'autre de la porte de Miliana a également été détruit, ce qui donna lieu à un entrefilet dans Citadelle N° 22 de septembre-octobre 1961 : «De la porte de Miliana, il ne reste que cet arc sous lequel s'engouffre le vent les jours d'orage. Les murailles qui faisaient pendant à l'arche ont été démolies au marteau-piqueur. Mais il restait un pan rétif. On l'a entouré d'un filin, accroché à un «Chevrolet». Le moteur a grondé, craché, le camion a patiné, fait quelques bonds sans résultat. Alors les hommes sont allés derrière le bout de mur et ont poussé pendant que le «Chevrolet» tirait. L'effort conjugué de l'homme et de la machine ont eu raison de cette forme inerte. Aujourd'hui, un joli rond-point est en train de s'élever qui mènera au futur parking».

Porte d'Alger (Cette porte , la plus belle a été detruite)

La ville

La place romaine, très belle avec sa fontaine qui en occupe le centre et ses beaux arbres, des belombras originaires d’Amérique du Sud, au tronc épais et torturé

La rue Césarée traverse tout le centre ville d'Est en Ouest

Le port, l’îlot Joinville et le phare (Photo 1953) Joinville, du nom de François-Ferdinand d’Orléans, prince de Joinville troisième fils de Louis-Philippe et frère du Duc d’Aumale. Vice-amiral il participa en 1840 au transfert des cendres de Napoléon 1er

Le prince de Joinville


Le port et le phare (photo 2006)

Le phare, d'une hauteur de 28,6 m à partir du sol et de 34m à partir du niveau de la mer, a été construit avec de la pierre provenant d'une carrière de Marseille


L'église de style grec avec ses colonnes surmontées de chapiteaux ioniques
devenue mosquée El Rahman après l'indépendance de l'Algérie. Ne pas la confondre avec la grande mosquée de la vieille ville dite mosquée aux Cent Colonnes construite vers le XVI e siècle

L'Ecole militaire dans la ville (en rouge tout ce qui dépend de l'école)


L'ancien blason de la ville - Le nouveau blason


La fontaine est décorée de quatre têtes, moulages d'oeuvres originales qui sont au musée

Entrée de Cherchell: au fond l'école (photo récente)


Le centre ville, l'ex-église et les bellombras (photo Arthus Bertrand)


École Militaire ? Pas seulement !

Scolarisation
Un recensement effectué par les EOR début 1958 mit en évidence une carence scolaire. Sur 350 enfants scolarisables, aux portes de Cherchell, 270 n’allaient pas à l’école.
Le colonel Marey décida la création de deux classes à l’École Militaire. Deux tentes furent montées et deux instituteurs du contingent désignés pour enseigner.
A partir de septembre 1958 d’autres projets furent envisagés notamment la réouverture de l’école de Sidi Yaya.
Les militaires, comme ailleurs en Algérie, firent le travail que normalement auraient du accomplir les administrations civiles.
En juin 1959. Lors d’une conférence à l’Ecole, M. Capdecomme, recteur de l'Université d'Alger, informa les EOR des efforts de la scolarisation en Algérie. La carence décelée à Cherchell l’année précédente s’étendait en réalité à toute l’Algérie :
« Il existe 2 500 000 enfants d’âge scolaire en Algérie. 650 000 sont scolarisés. Deux problèmes : trouver les maîtres, construire des écoles. On peut ouvrir actuellement près de deux mille classes par an. Ce n’est pas suffisant pour vaincre l’analphabétisme.
….. « Dans huit ans, avec le plan de scolarisation en cours, il n’y aura plus d’analphabétisme en Algérie.
« En 1957, les classes primaires ont reçu à la rentrée 486 866 élèves (dont 350 085 français de religion musulmane). En 1958, les effectifs ont été de 612 188 (dont 473 002 musulmans), soit un accroissement de 25,6 % pour la totalité, et de 35,3 % pour la communauté musulmane. »
On peut recouper ces chiffres avec ceux donnés dans « l'histoire de l'Algérie contemporaine », tome 2 de Charles-Robert Ageron, page 535 :
« En novembre 1954 étaient scolarisés dans l'enseignement primaire public 306 737 musulmans garçons et filles, soit 12,75% des 2 400 000 enfants de 6 à 14 ans scolarisables selon les normes françaises. La population scolarisable s'était accrue, il est vrai, de quelque 200 000 unités tandis qu'on n'arrivait pas à scolariser plus de 165 000 enfants nouveaux. La marée démographique annihilait la lutte contre l'analphabétisme.
« L'enseignement primaire privé européen ne fut qu'un faible secours : il ne parvint pas à scolariser plus de 20 000 enfants européens et musulmans en moyenne (21 350 en 1953).
« En revanche, les écoles coraniques rassemblaient en 1950 100 000 élèves musulmans. Au total, 18% seulement des enfants algériens recevaient donc une instruction primaire : celle-ci restait un privilège.»
Le N° 11-12 de juin-juillet 1959 de « Citadelle » qui rapporte l’exposé de M. Capdecomme conclut ainsi :
« L’Armée s’est d’ailleurs toujours penchée avec une sollicitude particulière sur la scolarisation des enfants musulmans. Qui ne connaît le magnifique effort des soldats –instituteurs dans le bled ! L’Ecole de Cherchell elle-même a rouvert, l’an passé, sous le commandement du colonel Marey, la petite école de Sidi-Yaya et fondé plusieurs classes pour recueillir les enfants cherchelois non scolarisés. Il suffit de rappeler à ce sujet qu’en 1959, 1032 instituteurs militaires (pour le 1er degré) encadrent près de 70 000 élèves. »



Scolarisation des enfants : une nouvelle mission pour l'Ecole militaire


Formation de la jeunesse algérienne
Les C.F.J.A.( Centres de Formation de la Jeunesse Algérienne ) à l’E.M.I.C.
Ces centres de formation de jeunes en Algérie sont des unités encadrées, groupant quarante garçons, français de souche nord-africaine, étroitement rattachés à un corps de troupe ou à une formation de l’armée pour une période de douze mois.
L’E.M.I.C. abrite deux de ces centres et en assure la sécurité, l’alimentation, certains de leurs besoins matériels, et leur surveillance médicale.
Le recrutement de ces jeunes, que nous pouvons rencontrer tous les jours entre la C.E.(Compagnie Ecole) et la G.O.E.( Groupement des Ordinaires de l'Ecole), vêtus de leurs petits uniformes bleus et coiffés de bérets à rubans verts, s’est fait sur le plan local. Le Chef de Corps, en liaison étroite avec le Commandant du Secteur, ainsi que le Chef de S.A.S., a recherché parmi les jeunes musulmans de la région ceux qui étaient susceptibles de faire partie du centre, d’en tirer profit.
Les conditions requises pour entrer dans les C.F.J.A. sont les suivantes : être français, être âgé de 16 ans au moins, 17 ans au plus, réunir les conditions physiques et psychiques élémentaires, n’avoir pas été scolarisé ou avoir reçu une scolarisation incomplète, enfin et surtout, être volontaire.
Le but à atteindre au cours de l’année scolaire des C.F.J.A. consiste à élever le niveau social du jeune par une éducation de base, morale, civique, physique et professionnelle, de façon à lui permettre de rentrer en apprentissage dans une section de formation professionnelle de l’armée, de se placer directement et de façon satisfaisante dans l’économie ou de s’engager dans l’armée s’il en a la vocation.
Pour plus de détails concernant ces centres de formation voir Citadelle N° 8, mars 1959, N°13, août 1959, N° 19,février-mars 1961


Aux portes de l’Ecole, la Cité Souillamas

Au sud de l’Ecole, à quelques dizaines de mètres, des familles musulmanes se sont spontanément regroupées fuyant la zone interdite et se sont installées sur un terrain appartenant à M. Souillamas, d’où le nom donné à cet ensemble de cabanes en torchis, aux toits de tôle, entourées de haies de roseaux.
En 1959, cette « cité » s’étendant sur quelques centaines de mètres carrés, était peuplée de plus de mille personnes.
« Ils sont venus dans la banlieue de Cherchell avec leurs économies, argent, bijoux, basse-cour, chèvres et moutons ; si l’extérieur des mechtas est lépreux, l’intérieur est souvent bien arrangé : divans, tapis, coussins ; l’atmosphère n’y est pas malsaine, on mange, on lave, on s’affaire dans la petite cour à l’extérieur.
…Depuis plusieurs mois M. Souillamas a loué pour une somme modique son terrain à la S.A.S. de Cherchell ; celle-ci demande aux habitants un loyer de moins de soixante-dix francs. »
…Ces gens ne sont pas sans ressources, étant pour la plupart propriétaires terriens. Mais il y a peu d’hommes en âge de travailler : bon nombre de familles ayant un des leurs au maquis. Ils n’ont pas perdu le contact avec les rebelles qui viennent souvent leur rendre visite pour se ravitailler, ramasser l’impôt ou rompre leur continence.
Voir Citadelle n° 6 janvier 1959



La "cité" Souillamas


Les élèves de l’Ecole construisent une maison pour une famille

Dans les dernières semaines du stage de la promotion 806 la section commandée par le lieutenant Carcy décidait la construction d’une maison au profit d’une famille musulmane.
« Pour les capitaux nécessaires, chaque E.O.R. apportait plus d’un mois de son prêt, c’est-à-dire 2.500 francs. Tous les temps libres furent consacrés au travail malgré vents et pluies ; le matériel du Génie servit au gros œuvre. Pour la technique, la section comptait dans ses rangs un architecte ; il fit les plans : ce serait, adossée au vieux mur d’enceinte en face du quartier Rivet, une petite maison de deux pièces avec courette intérieure protégée des vues, comme le veulent les vieilles convenances, par un mur à hauteur d’homme.
Le matériau fut soit acheté (tuiles et charpente), soit façonné : chacun s’initia à la fabrication du parpaing, bloc artificiel de ciment. Des coffrages permirent d’édifier murs et cloisons.
La construction proprement dite, s’est achevée en même temps que le stage de la promotion 806. Restait encore à installer les portes et les fenêtres, le lavoir, le bloc sanitaire, et à faire l’aménagement intérieur ; la cheminée, le four à pain, les peintures, les rideaux. Les promotions se suivent et se ressemblent beaucoup dans leurs aspirations généreuses ; la section Carcy 903 réalisa ce que la section Carcy 806 n’avait eu le temps de terminer. »
Le colonel Bernachot et les chefs de Bataillon Grillot et Picollet inaugurèrent cette construction le 19 juin 1959 et félicitèrent le lieutenant Carcy, les E.O.R. de la 11e section du capitaine Danet et les sous-lieutenants Arnoult et Frémiot représentant les premiers terrassiers.
Citadelle N° 11-12-juin-juillet 1959


Des gourbis,enfants en guenilles et pieds nus : La guerre accroît la misère



Photo du caporal Achour, second prix du concours photo de l'Ecole (Citadelle N°11-12-juin-juillet 1959)


Une maghrébine à l’Académie française

Madame Assia Djebar, (de son vrai nom : Fatima Zohra Imalhayène) romancière d’expression française et cinéaste, est née à Cherchell le 4 août 1936.Elle est fille de Tahar Imalhayène, instituteur, et de Bahia Sahraoui, de la famille des Berkani du Dahra (1). Du côté maternel, la famille El Berkani commandait la partie orientale de la tribu des Beni Menaceur (2), au sud de Cherchell. Son aïeul, Mohammed Ben Aïssa el-Berkani, fut Khalifa (lieutenant) de l’Emir Abdelkader à Médéa, dans le Titteri (1835). L’arrière-grand-père, le Cheikh Malek Sahraoui el Berkani, neveu du Khalifa et caïd des Beni Menaceur, prend la tête en juillet 1871 d’une rébellion, parallèlement à la révolte d’El Mokrani en Kabylie. Il est tué au combat le 2 août 1871. Juin 1955 : admise à l’École normale supérieure de Sèvres. 19 mai 1956 : l’UGEMA (Union Générale des Étudiants Musulmans Algériens) décide de la grève des cours et des examens. Répondant à cet appel Assia Djebar ne passe pas ses examens. 1957, premier roman, "La Soif" suivi par "Les Impatients" en 1958. Mars 1958, continuant à faire la grève des examens, la directrice la contraint à quitter l’École. Journaliste en Tunisie, professeur d’histoire du Maghreb à la faculté des lettres de Rabat, puis à l’université d’Alger. Elle s’établit ensuite en France et aux Etats-Unis où elle enseigne (Louisiana State Institute puis à l’Université de New-York), tout en poursuivant son œuvre : romans, poésies, nouvelles, essais, cinéma .Madame Djebar est la réalisatrice en 1978 d’un film, « La nouba des femmes du Mont Chenoua » traitant de la condition féminine à travers le présent et le passé, celui en particulier de la lutte pour l’indépendance algérienne, où sons et musiques se mêlent dont celle de Bêla Bartók . Ce film obtint le Prix de la Critique internationale à la Biennale de Venise en 1979. Elle reçoit de nombreuses autres récompenses et prix littéraires, docteur Honoris Causa de plusieurs Universités. Traduite en 23 langues. Docteur ès lettres de l’université de Montpellier. Elue à l’Académie Royale de Belgique en 1999. Premier écrivain d’origine maghrébine à être élue à l’Académie française le 16 juin 2005, elle y a été reçue le 22 juin 2006. Assia Djebar est décédée le vendredi 6 février 2015 à Paris. Elle avait 78 ans. Elle a été inhumée le 13 février à Cherchell.

Dans son discours de réception à l’Académie elle fait selon l’usage l’éloge de son prédécesseur le professeur de droit Georges Vedel. Mais Madame Assia Djebar glisse quelques réflexions concernant l’Algérie et notamment :
« Mesdames et Messieurs, le colonialisme vécu au jour le jour par nos ancêtres, sur quatre générations au moins, a été une immense plaie ! » Elle rappelle, qu’en pleine guerre d’Algérie, elle a bénéficié de chaleureux dialogues avec Louis Massignon, islamologue, Charles André Julien, doyen de l’Université de Rabat, Jacques Berque, sociologue et arabisant. Elle cite également Gaston Bounoure, le poète Pierre Emmanuel et deux femmes qui lui avaient communiqué la force d’être un auteur d’écriture française, Madame Blasi,au collège de Blida et Madame Dina Dreyfus, son professeur de philosophie en khâgne au lycée Fénelon à Paris. Elle dit également sa reconnaissance à Germaine Tillon pour ses travaux dans les Aurès, son action de dialogue pendant la guerre d’Algérie et son livre "Le harem et les Cousins" Elle déplore de n’avoir pu perfectionner son arabe classique cet enseignement n’étant pas dispensé à l’ENS de Sèvres. Parlant du français, elle déclare : « La langue française, la vôtre, Mesdames et Messieurs, devenue la mienne, tout au moins en écriture, le français donc est lieu de creusement de mon travail, espace de ma méditation ou de ma rêverie, cible de mon utopie peut-être, je dirai même ; tempo de ma respiration, au jour le jour : ce que je voudrais esquisser, en cet instant où je demeure silhouette dressée sur votre seuil. » Elle dit avoir eu la sensation «presque physique » que les portes de l’Académie « ne s’ouvraient pas pour moi seule, ni pour mes seuls livres, mais pour les ombres encore vives de mes confrères - écrivains, journalistes, intellectuels, femmes et hommes d’Algérie qui, dans la décennie quatre-vingt-dix ont payé de leur vie le fait d’écrire, d’exposer leurs idées ou tout simplement d’enseigner... en langue française. » … « Depuis des décennies, cette langue ne m’est plus langue de l’Autre-presqu’une seconde peau, ou une langue infiltrée en vous-même son battement contre votre pouls, ou tout près de votre artère aorte, peut-être aussi cernant votre cheville en nœud coulant, rythmant votre marche (car j’écris et je marche, presque chaque jour dans Soho ou sur le pont de Brooklyn)…Je ne me sens alors que regard dans l’immensité d’une naissance au monde. Mon français devient l’énergie qui me reste pour boire l’espace bleu gris, tout le ciel. » Elle évoque trois grands auteurs d’origine berbère mais de langue latine (la langue de l’Autre), Apulée, né à Madaure (sud de Souk-Ahras), 125 apr. JC, Tertullien, né à Carthage, 155 apr. JC et Augustin, né à Thagaste, (Souk-Ahras), en 354 apr. JC.

Durant cette antiquité tardive, cette partie de l’Afrique du Nord s’appelait la Numidie (du grec nomados, qui fait païtre, nomade) et constituait une province de l’Empire romain, peuplée de berbères plus ou moins latinisés et christianisés. Vinrent quelques siècles plus tard, à partir de la seconde moitié du VIIe siècle et surtout vers le milieu du XIe siècle avec les invasions hilaliennes, d’autres « colonisateurs », les Bédouins d’Arabie. La langue de l’Autre, pour les berbères, devint l’arabe et leur religion l’Islam.

Extraits du discours de réception en réponse de Pierre-Jean Rémy*

« Je sais qu’il peut être difficile d’évoquer le destin d’une Algérienne dont tant de frères sont morts sous des balles françaises – ou pire encore – alors même que nous avons des frères – pour moi, c’était un cousin qui m’était comme un frère – morts sous les balles algériennes– ou pire encore..» « Vous avez vu le jour dans l’ancienne Césarée des Romains, fameuse pour ses mosaïques, qui devint, pendant une autre guerre, le haut lieu de la formation de ce qu’on appelait alors les « élèves officiers de réserve » de l’armée française, les EOR dont il se fallut de peu que je fasse partie. » « Tahar Imalhayène, votre père, était le fils d’un Algérien qui, ruiné en 1871, s’enrôla en 1884 dans les spahis, se battit pour la France au Tonkin et participa même, en grand uniforme, à la garde d’honneur qu’on réunit à Paris pour accueillir le tsar de toutes les Russies. Et c’est retraité, sur la place de son village, que ce grand-père décoré par la République attira l’attention d’un instituteur français. L’histoire est trop belle pour ne pas être rappelée : nous sommes au cœur d’un récit superbement édifiant, comme on en écrivait alors sur une Algérie constituée de trois départements français et destinée à le rester pour l’éternité. L’instituteur qui remarque l’ancien soldat, l’ancien soldat qui lui parle de ses fils, l’instituteur qui ouvre aux deux fils son école et, une décennie plus tard, votre père qui se retrouve lui-même, futur instituteur, à l’école normale de Bouzaréah. »
(1) Le Dahra est une région très montagneuse qui s'étend entre le Chélif inférieur et la mer, de l’oued Kramis, à l'est, jusqu’à l’oued Nador et le Chenoua, à l'ouest, et qui comprend les villes de Miliana, Ténès et Cherchell.
Dans cette région, au cours de la conquête coloniale, en 1845, eurent lieu ce qui fut appelé « les enfumades du Dahra ». Des centaines d’algériens des tribus des Ouled Riah et des Beni Sbéah, poursuivis par les colonnes françaises, réfugiés dans des grottes, furent exterminés par enfumades. (Histoire de l’Algérie contemporaine, Charles-André Julien, Tome I, page 201) Lamartine, député, dénonça vigoureusement lors de la première session de l’assemblée parlementaire de 1846 les très nombreuses exactions : massacre de population, incendie d’habitations, destructions de moissons, d’arbres fruitiers, politique de la terre brûlée etc. « On me dit la guerre est la guerre, mais la guerre des peuples civilisés et la guerre des sauvages, des barbares, sont deux guerres différentes…je dis qu’il n’y aurait dans ce temps ni dans l’avenir aucune excuse qui pût effacer un pareil système de guerre, dans l’état de force, de discipline, de grandeur et de générosité que nous commande notre situation civilisée ! Je pourrais vous parler d’autres actes qui y ont fait frémir d’horreur et de pitié la France entière les grottes de Dahra où une tribu entière a été lentement étouffée. J’ai les mains pleines d’horreur, je ne les ouvre qu’à moitié ! ».
Mais l’insurrection ne désarmait point. L’une après l’autre, les tribus se soulevaient malgré la répression. La correspondance d’un Saint Arnaud reflète la volonté de lutter sans cesse :
« Je repars pour le Dahra où je vais anéantir les Médiouna qui se sont révoltés… quelle guerre interminable et toujours renaissant plus furieuse. Les Arabes sont de rudes soldats ». (14 octobre 1845) « Voilà 10 ans que je fais la guerre… l’Ouest est en feu, la province d’Oran est presque entièrement soulevée… j’ai brûlé les Ouled Khouidem, châtié les Ouled al Abbâs et les Mazouni. Dans un combat dans les ravins, j’ai tué 18 des Oulad al Abbâs et 13 Mazouni et par la terreur, j’ai obtenu ce que je voulais. (Orléansville, 24 octobre 1845).
Quinze ans après le débarquement l’Algérie n’était pas conquise. Des deux côtés il y eut des actes de cruauté et de barbarie. Dans la nuit du 24 au 25 avril 1846, le Khalifa de l’émir, Mustapha Ben Thami, fit égorger 270 prisonniers français. Ce massacre fut perpétré à l’insu de l’émir Abd el-Kader.
(2) Le bourg de Marceau porte le nom de Menaceur depuis l’indépendance.
*Pierre-Jean Rémy,diplomate et écrivain, de son vrai nom Jean-Pierre Angrémy est décédé à Paris dans la nuit de mardi 27 au mercredi 28 avril 2010, à l'âge de 73 ans

Un peu d’Histoire : Préparation de l’Opération Torch (Flambeau)

L’opération Torch désigne le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 en Algérie et au Maroc.

Général Clark

Pour s’assurer une pleine réussite de ce débarquement qui était imminent les alliés ont rencontré les représentants français de la Résistance. Cette entrevue historique a eu lieu à quelques kilomètres à l’Ouest de Cherchell, sur la route de Ténès dans une maison (la ferme Sitgès), dominant la mer, non loin de Gouraya et de l’oued Messelmoun. Dans la nuit du 20 au 21 Octobre 1942, Norman Jewell, commandant du sous-marin HMS Seraph de la Royal Navy, destiné aux opérations spéciales et secrètes, débarqua le général américain Mark Wayne Clark accompagné d'officiers américains et anglais. Puis le sous-marin s'immergea en eau profonde, attendant le retour des "visiteurs" qui eut lieu le 22 vers 3 heures du matin non sans difficultés en raison de l'état de la mer.
Près de la maison, un monument commémoratif, élevé par l’Ecole de Cherchell, perpétue le souvenir de cette conférence qui s'est déroulée le 21 octobre 1942, quelques jours avant le débarquement. Cet endroit est assez isolé et sauvage bien qu’il y ait d’autres petites maisons pas très loin.On comprend que ce coin discret ait été choisi pour cette réunion.
Le Général Clark fut le commandant en second de l'opération Torch dont le commandant en chef était le général Dwight Eisenhower.

Le sous-marin HMS Seraph

Le général Giraud prisonnier dans forteresse de Königstein, en Allemagne, s’était évadé le 17 avril 42. C'est le Seraph, qui l'embarqua secrètement au Lavandou le 7 novembre 1942. Les américains qui se défiaient de de Gaulle, souhaitaient que Giraud jouât un rôle de premier plan et d'abord qu'il participât à l'opération Torch. Le sous-marin était commandé temporairement par le capitaine américain Gerault Wright car le général Giraud, en souvenir de Mers-el-Kébir, refusait de monter sur un vaisseau britannique. Il sera transféré sur un hydravion Catalina qui le conduira à Gibraltar où il apprendra, le 8 novembre, le débarquement allié en Afrique du Nord française. Giraud, furieux d'avoir été tenu à l'écart de l'opération Torch d'autant qu'il aurait émis l'ambition démesurée d'être nommé commandant en chef de toutes les forces d'invasion refusera dans un premier temps de prendre le commandement des forces françaises ralliées aux Américains, laissant dans cette période confuse le champ libre au vichyste Darlan.
Au même endroit il y a les tombes de deux anglais décédés en 1847 dans les mines de fer de la région, sans doute par accident, car ils étaient bien jeunes : 20 et 37 ans.


Le monument commémoratif de la rencontre de Messelmoun

					

Photo récente En 1959

Les autorités algériennes conscientes de l'importance historique du site ont réhabilité la ferme Sitgès et restauré le monument.

L’Académie interarmes de Cherchell


Dès l’indépendance, il n’a pas échappé aux responsables algériens de l’époque que l’école par sa situation géographique offrait des terrains d’entraînement variés. Elle a donc été utilisée pour la formation des premiers officiers algériens. L’école comportait aussi des bâtiments quasiment neufs et modernes remis par les français aux algériens.
L’Académie militaire dispense aujourd’hui trois types de formation :
D’abord, elle assure l’entraînement militaire au cours d’une année préparatoire, de tous les élèves officiers des trois armes : terre, mer, air.
Ensuite, les élèves rejoignent leurs différentes écoles pour y poursuivre leurs études. A Cherchell, les élèves ayant opté pour l’armée de terre suivent une formation de trois ans à l’issue de laquelle ils obtiennent le grade de lieutenant avant de rejoindre les unités où ils sont affectés.
Enfin, une formation dite d’état-major est destinée aux officiers déjà en exercice. Il s’agit de parfaire leurs connaissances et de les préparer à occuper des postes supérieurs.

Académie militaire interarmes algérienne


Complexe touristique de Pointe Rouge

M. Hamimid s’est auparavant rendu au site Pointe Rouge, situé à l’ouest de la ville de Cherchell, d’une superficie de 48 ha, qui servait de champ de tir pour les éléments de l’Académie militaire interarmes de cette ville. Les militaires ont cédé ce terrain aux autorités locales. La wilaya de Tipaza a achevé toutes les procédures administratives et techniques, dans le respect des textes réglementaires, notamment le plan d’aménagement côtier, pour créer au sein de ce site un pôle de croissance. Il est prévu la construction d’un complexe hôtelier sur un terrain de 15 623 m2, la réalisation d’un village artisanal sur une étendue de 20 637 m2. L’agence foncière de la wilaya a entamé la construction des habitations collectives sur une superficie de 48 384 m2 pour un coût de 683 972 152,70 DA. Enfin, l’aménagement d’une station d’épuration des eaux. Selon des sources crédibles, lors de cette visite ministérielle, deux hôtels de 4 et 5 étoiles, d’une capacité globale de 1200 lits, et un centre de thalassothérapie seront mis en concession à des investisseurs sérieux, nationaux ou étrangers.
El Watan, 7 septembre 2006

Nouveaux noms des communes autour de Cherchell

Bérard Ain Tagourirt Castiglione Bou Ismaïl Chiffalo Port Khemisti Desaix Nador Dupleix Damous Fontaine du Génie Hadjeret Ennous Marceau Menaceur Marengo Hadjout Montebello Sidi Rached Novi Sidi Ghiles Zurich Sidi Amar