- Ecole militaire d'infanterie cherchell - 1942 - 1962

LES PROMOTIONS

Promotions de la 2e guerre mondiale
15 décembre 1942-mai 1945

L'Ecole de Cherchell, pendant la seconde guerre mondiale, reçut successivement plusieurs dénominations, signe de sa création dans la hâte et des hésitations du Haut Commandement en AFN quant à la nature même de cette Ecole.Elle fut d'abord Centre d'Instruction des Elèves-Officiers (C.I.E.O.), puis Ecole d'Elèves-Aspirants d'Afrique du Nord (E.E.A.AFN), enfin Ecole Militaire Interarmes (E.M.I.A.).
Par commodité nous retiendrons la dénomination Ecole d' Elèves-Aspirants (E.E.A), pour désigner les quatre premières promotions à l'instar de la plaquette "de Césarée à Cherchell" éditée par l'Ecole.
Pour plus de précisions voir le tableau en fin de chapitre.

Les Élèves présentaient une diversité de profils, de formations et d'origines : métropolitains déjà en garnison en Afrique du Nord ou évadés de France, français d'AFN, issus des grandes écoles (Polytechnique, Saint-Cyr, HEC) , provenant des Chantiers de Jeunesse ou sous-officiers ayant déjà une formation militaire.
Leurs instructeurs étaient eux-mêmes très divers par leur origine, leur formation, l'arme à laquelle ils appartenaient, mais tous désireux de transmettre leur expérience et d'insuffler un moral de vainqueurs.


Voir : "L'Ecole des Elèves-Aspirants de Cherchell-Médiouna (1942-1945) Eric Labayle, à partir de la page 142.

I.Ecole des Elèves Aspirants (EEA)

L’Ecole des Elèves Aspirants de 1942 à 1944 forma quatre promotions :

1ère promotion « Weygand* »

15 décembre1942 au 30 avril 1943 : 1101 élèves ( Cherchell : 577, Médiouna : 524 )

Un parrain contesté

C'est sur la proposition du colonel Callies que le nom de Weygand fut choisi comme nom de baptême de cette première promotion. Ce choix n'était pas judicieux mais conforme à l'état d'esprit régnant en Algérie où, à l'époque, militaires et civils étaient en majorité encore imprégnés du régime de Vichy. Le général Maxime Weygand, fidèle serviteur de Pétain, n’avait pas un passé irréprochable. En 1898, au moment de l’affaire Dreyfus, il se signala comme antidreyfusard en participant à une souscription nationale ouverte par le journal antisémite, « La Libre Parole ».
Dans les années 1930, Maxime Weygand, qui vota pour Charles Maurras à l’Académie française, assista aux banquets annuels de l’Action française. Généralissime en mai 1940 en remplacement du général Gamelin il estima toute résistance impossible et défendit ardemment la nécessité d’un armistice, alors que la France avait pris l'engagement solennel de ne pas conclure de paix séparée. En fait ni Weygand, ni Pétain n'ont compris la nature du régime nazi et son idéologie monstrueuse. Ils n'avaient pas non plus l'intuition quasi prophétique que la guerre prendrait une dimension planétaire et qu'une bataille perdue n'était pas la fin de la guerre. Il est vrai que de tels esprits n'étaient pas nombreux... A un interlocuteur suggérant une possible résistance depuis les colonies françaises, Weygand répondit  : « c'est un ramassis de nègres sur lesquels vous n'aurez plus de pouvoir dès que vous serez battu ». Après l’armistice Weygand occupa le poste de ministre de la défense nationale dans le gouvernement de Vichy. Le 28 juin, il rédigea un programme approuvé par Pétain, à consonance fortement réactionnaire, corporatiste, clérical et xénophobe. Il rétrograda de Gaulle au rang de colonel et convoqua un tribunal militaire qui le condamnera à mort le 2 août 1940, ce que de Gaulle ne lui pardonna pas. En septembre 1940, nommé délégué général en Afrique du Nord, il fit appliquer les lois raciales décidées par le Gouvernement de Vichy, notamment celles excluant les Juifs de la fonction publique, de presque toutes les activités privées et de l'université, et qui plaçaient leurs biens sous séquestre. Mais il outrepassa la législation de Vichy en instaurant, par une simple note de service du 30 septembre 1941, un « numerus clausus » scolaire excluant la quasi-totalité des enfants juifs des établissements publics d'enseignement, y compris des écoles primaires. Cependant, Weygand resta hostile aux Allemands, et concevait la Révolution Nationale comme un moyen pour la France de se redresser moralement et matériellement et de prendre un jour sa revanche contre l'Allemagne Aux cadres de l'Armée d'Afrique il déclara : « Dans mon esprit l'armistice n'est qu'une suspension d'armes qui réserve l'avenir. Nous allons travailler avec ardeur pour être prêts à reprendre la lutte au jour le plus favorable». Sous la responsabilité de Weygand et de Juin qui lui succéda, trompant la vigilance des commissions d’armistice, l’armée d’Afrique dissimula du matériel, de l’armement léger et s’équipa de chars et d’automitrailleuses. En outre, par divers subterfuges elle renforça les effectifs dans la perspective de la reprise du combat. En novembre 1941 il fut rappelé en métropole sur la pression d'Hitler et le 20 novembre 1942 les allemands le placèrent en résidence surveillée dans le Tyrol autrichien où il resta jusqu'en mai 1945, soit 30 mois. Sa position de prisonnier des allemands et son action passée en faveur de l'armée d'Afrique permettent de comprendre qu'il fut choisi comme parrain. Mais ce choix fut critiqué et il faut noter qu'aucune des quatre promotions suivantes ne portât un nom de personne. A sa mort en 1965, le général de Gaulle, plus par rancune personnelle que par raison d’Etat, refusera qu'une cérémonie solennelle se tienne aux Invalides et que les honneurs militaires lui soient rendus. Il est vrai qu’il était difficile de pardonner à celui qui avait déclaré : « De Gaulle ! Douze balles dans la peau, voilà ce qu'il mérite ». Nul doute que de Gaulle n'ait pas apprécié que la première promotion de Cherchell ait reçu le nom de Weygand. Cela peut expliquer, en partie, que les officiers issus de Cherchell ne furent pas considérés comme «saint-cyriens» comme le furent ceux de Ribbesford.


OUEST FRANCE mardi 26 mars 2013 Caen. Le boulevard Weygand rebaptisé Jean Moulin le 8 juillet

Général Weygand

2e promotion « Tunisie »

1er mai 1943 au 30 septembre 1943 :826 élèves.

3e promotion « Libération »

1er octobre 1943 au 15 avril 1944 : 919 élèves.

4e promotion « Marche au Rhin »

16 avril 1944 au 30 octobre 1944 : 782 élèves.

II.Ecole Militaire Interarmes (EMIA)

5e promotion (ou 5e Série) « Rhin Français » Octobre 1944-Mai 1945 : 1 477 élèves.


Cette promotion a intégré partiellement trois promotions de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr : Croix de Provence 1942, Veille au Drapeau 1943, Rome et Strasbourg 1944.
Le 13 décembre 1944 l'Ecole prend le nom d'Ecole Militaire Interarmes.

129e promotion de l'E.S.M. : Croix de Provence 1942

Entrée à Aix-en-Provence en octobre 1942, la promotion "Croix de Provence" est renvoyée dans ses foyers le 5 décembre après l'occupation du Quartier Miollis par les Allemands.
Les uns iront dans les Chantiers de Jeunesse, d'autres dans les Ecoles Supérieures ou Facultés, mais le plus grand nombre, fidèle à la devise de la promotion "Plus est en nous" trouvera le moyen de prendre, sous des formes diverses, une part active aux événements qui secouent la France.
"La promotion avait choisi le nom de Croix de Provence, de cette croix qui domine la montagne de Sainte-Victoire, située près d'Aix, d'une part en souvenir de ce lieu de séjour de l'Ecole et d'autre part pour symboliser à la fois l'épreuve qui frappait alors la France et la confiance qu'elle gardait cependant en une victoire prochaine." (*)
* Extrait de la notice historique sur la promotion datée du 21 janvier 1969.

130e promotion de l'E.S.M. : Veille au Drapeau 1943

Ce nom de promotion symbolise une attente silencieuse mais vigilante au service de la Patrie, durant les heures sombres de l'Occupation jusqu'à la libération du territoire. Cette promotion issue du concours général des corniches de juin 1943 sera scindée en deux fractions importantes qui suivront un stage de six mois à la 5ème série de l'Ecole Militaire Interarmes de Cherchell de novembre 1944 à mai 1945, et le stage de 6ème série à l'E.M.I.A. de Coëtquidan de juillet à décembre 1945.
A Cherchell, elle est baptisée par la "Croix de Provence" qui lui confie la garde du drapeau de Saint-Cyr, d'où ce nom de "Veille au Drapeau".(*)
* Tiré de l'article du Capitaine Didier dans la revue de Triomphe de Saint-Cyr (22 juillet 1973).

131e promotion de l'E.S.M. : Rome et Strasbourg 1944

Le nom de la promotion évoque les deux victoires marquantes de l'année 1944 pour l'Armée Française reconstituée : - la prise de Rome le 5 juin par le Corps Expéditionnaire Français du Général Juin, - la libération de Strasbourg le 23 novembre par la 2ème D.B. du Général Leclerc. Cette promotion est également issue du concours spécial HEC et connaît la même formation que la "Veille au Drapeau" à Cherchell.
Dès la 6e promotion (ou 6e Série) d’élèves officiers, début juillet 1945, l’École Militaire Interarmes est désormais installée à Coëtquidan. Promotions EMIA à Coëtquidan : 6e Série : 03 07 1945 au 31 12 1945 Victoire 7e Série : 05 03 1946 au 01 05 1947 Indochine L’Ecole forma, pendant la guerre, en cinq stages 5105 officiers dont bon nombre participèrent aux campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne au sein des unités nord-africaines composant le « Corps Expéditionnaire Français d'Italie » * sous le commandement du général Juin, de la Première Armée Française du général de Lattre de Tassigny et de la 2e DB du général Leclerc. Puis ce furent les combats d'Indochine et d'Afrique du Nord. La sortie de la première promotion de Cherchell-Médiouna « Weygand » eut lieu alors que la campagne de Tunisie se terminait en mai 1943.C'est donc en Corse et en Italie que les aspirants et sous-lieutenants issus de cette promotion furent engagés dans les combats et eurent à exercer leur commandement.** Quant au stage de la cinquième promotion « Rhin Français » il prit fin quelques jours après l'armistice du 8 mai 1945 si bien que les officiers issus de ce stage ressentirent durement la frustation de n'avoir pu participer aux derniers combats en Europe. Mais avant le stage ils avaient pour la plupart participé aux combats et avaient été retirés du front pour intégrer la 5e série de Cherchell. En revanche cette promotion paya un lourd tribut à la guerre d'Indochine.
*La notion de « Corps Expéditionnaire » se caractérisait par une intervention hors des frontières métropolitaines nécessitant une organisation autonome ( Madagascar 1895, Chine 1900 et 1902, Orient-Dardanelles 1915 et 1916, Scandinavie 1940 ) . Cette expression a disparu du vocabumaire des armées pour faire place à la « Projection de force ».
** A noter que certains élèves de cette promotion avaient connu le front de Tunisie d'où ils avaient été retirés pour accomplir leur stage.

Promotions de sous-officiers janvier 1946-mai 1947

I.Ecole Militaire Interarmes de sous-officiers janvier 1946-mars 1946

II.Ecole de Cadres d'Afrique Française du Nord mars 1946-mai 1947


Promotions de l'Annexe de Cherchell de l’Ecole de Sous-officiers de Saint-Maixent juin 1947-mai 1958

A.Stages de 6 mois d'élèves sous-officiers d'active : environ 3000 élèves Sous-officiers B.Élèves-Officiers de Réserve (Pelotons 1 à 19, 601, 602, 603, 604, 702, 704, 705, 707, 801) : environ 8000 EOR.

Dans une lettre du 18 février 1959, signée par le Colonel Bernachot, Commandant l'Ecole, il est dit que le tableau d’effectifs avait été établi à l’origine pour permettre à l’Ecole d’instruire, chaque semestre, trois compagnies d’EOR et une compagnie d’ESOA.
En fait, il n’en fut rien.
De 1947 à 1955, il n’y eut que dix-neuf promotions d’EOR instruites, au rythme d’une tous les semestres, soit deux par an, sauf en 1948 et 1954 où trois pelotons sont sortis de Cherchell. La taille des pelotons était celle d’une compagnie. De 1956 à 1959, la situation en Algérie exigeant la formation d'un nombre accru de chefs de section le nombre des pelotons passa à 4 annuellement se succédant au rythme de deux promotions se chevauchant en raison de la cadence bimestrielle des pelotons. Chaque peloton était constitué de plusieurs compagnies


*Le nombre d’élèves suivi d'un * est celui au premier jour du stage. Il évolue par la suite.

1947

Peloton 1

juin1947-28 août 1947

1948

Peloton 2

20 novembre 1947-16 février 1948

Peloton 3

mars 1948-24 mai 1948

Peloton 4

21 juin-18 septembre 1948

1949

Peloton 5

15 décembre 1948-26 janvier 1949

Peloton 6

05 1949-17 juillet 1949

1950

Peloton 7

06 décembre 1949-04 mai 1950

Peloton 8

12 juin 1950- octobre 1950

1951

Peloton 9

07 décembre 1950-15 mai 1951

Peloton 10

07 juin -06 octobre 1951

1952

Peloton 11

25 octobre 1951- mars 1952

Peloton 12

27 avril 1952 + 27 septembre 1952

1953

Peloton 13

05 novembre 1952-24 avril 1953

Peloton 14

11 mai -15 octobre 1953

1954

Peloton 15

03 novembre 1953 - 04 mai 1954

Peloton 16

10 mai - 20 octobre 1954 132 élèves classés : 21 Sous-Lieutenants, 111 aspirants, 10 sergents (149*) Samedi 16 octobre : prise d'armes et remise des grades

Peloton 17

03 août - 24 décembre 1954

1955

Peloton 18

09 novembre 1954-07 avril 1955

Peloton 19

27 avril 1955- septembre 1955

17 septembre 1955

Cérémonie de sortie de la 19e promotion et passation de pouvoirs du colonel Lancrenon au colonel Nicol

Samedi, sur le stade de Cherchell, a eu lieu la traditionnelle cérémonie de sortie de la dix-neuvième promotion d'élèves officiers de réserve. Cette manifestation a revêtu une certaine solennité du fait que s'y ajoutaient une prise d'armes ainsi que la passation de pouvoirs par le colonel Lancrenon au colonel Nicol, nouveau commandant de l'école des cadres de Cherchell. C'est en présence de nombreux Cherchellois, des délégations d'anciens combattants et leur drapeau, de M. Imalhayène, délégué à l'Assemblée algérienne; M. Zanettacci, administrateur de la commune mixte, que M. Baretaud, délégué-maire de Cherchell, a remis à l'école son nouveau fanion bleu ciel à liseré jaune que rehaussent les couleurs de la croix de guerre, offert par la municipalité à « son école », comme l'a souligné le maire. Avant de remettre aux meilleurs E.O.R. de la promotion sortante les insignes de leur grade, le colonel Lancrenon, devant le front des troupes au garde-à-vous, a retracé l'origine glorieuse de l'établissement, dont ses anciens ont hélas marqué de leur sacrifice total les glorieuses campagnes du C.E.F. d'Italie et de la 1ère Armée. Puis lecture de la citation décernée en 1950 fut donnée aux promus. Le commandant de l'école a ensuite fait chevalier de la Légion d'honneur pour services exceptionnels rendus en Indochine les capitaines Pamart, Monthioux; les lieutenants Costes, Duplan, Lagiere, Varren, Pinguet et André, officiers instructeurs de l'école. Le colonel Lancrenon a également remis la médaille militaire au caporal Bouchouk Megrari ainsi qu'à titre posthume à Mme Vve Ahmed ben Lakhib. Entraînées par la musique de garnison, les sections ont ensuite défilé dans Cherchell sous les applaudissements chaleureux de la foule.

Echo d'Alger


Par une note du 19 mars 1956 le Secrétariat d’Etat aux Forces Armées « Terre », 1er Bureau prescrivait l’étude d’une nouvelle organisation pour le recrutement et la formation des EOR (toutes Ecoles) :
-Cycle de 6 pelotons par an. -Sélection des EOR/Corps de troupe un mois ou deux après l’incorporation, au lieu de 4 à 5 mois. -Spécialisation de la majorité des EOR dans toutes les Ecoles comme chefs de section d’Infanterie.
Une Fiche du 3e Bureau en date du 28 avril 1956 présente l’étude de la possibilité de faire face à ces demandes. En particulier fut étudié un nouveau cycle de six pelotons par an qui présentait l’avantage de s’adapter parfaitement au rythme des incorporations bimestrielles et de fournir régulièrement tous les deux mois un contingent de sous-lieutenants et d’aspirants de réserve. Le volume des pelotons avait déjà été augmenté, les opérations d'AFN exigeant la formation annuelle d'un nombre d'EOR excédant celui qui correspond aux années normales du temps de paix. Par conséquent la capacité maximum avait été atteinte dans la plupart des Ecoles et en particulier dans les Ecoles d’Infanterie.
Le passage de l’ancien cycle au nouveau ne pouvait être que progressif et des mesures transitoires furent proposées.
Dès 1956 le rythme des pelotons fut augmenté : quatre pelotons annuels jusqu’en 1959. Et le volume des élèves fut accru, chaque peloton ayant la valeur d’un Bataillon de trois à cinq Compagnies. En raison de la cadence des pelotons, deux bataillons se chevauchaient et étaient en formation simultanée. Ceci est nettement indiqué sur l’organigramme de l’Ecole, le Groupement d’Instruction comportant deux Bataillons d’EOR.
La sélection des candidats EOR/Corps de Troupe après un ou deux mois de service ne fut pas retenue, le délai ayant été estimé trop court.
En revanche la spécialisation d'un pourcentage des EOR dans toutes les Ecoles comme chefs de section d'Infanterie fut retenu et cette mesure avait d'ailleurs déjà été mise en application

1956

Peloton 601

15 octobre 1955- 8 mars 1956

Peloton 602

179 élèves*09 janvier - juin 1956

Peloton 603

312 élèves*03 mai -25 septembre 1956

Peloton 604

228 élèves*03 juillet –06 décembre 1956

1957

Peloton 702

341 élèves*01 octobre 1956-01 mars 1957

Peloton 704

235 élèves*07 janvier -08 juin 1957

Peloton 705

486 élèves*08 mars - août 1957

Peloton 707

271 élèves*09 juillet-06 décembre 1957 Total 1957 : 1333 élèves

1958

Peloton 801

305 élèves*septembre 1957-16 février 1958

Promotions de l'Ecole militaire d'Infanterie de Cherchell EMIC 4 mars 1958-15 octobre 1962

Peloton 803

413 élèves (436*) 06 janvier-16 juin 1958

Peloton 804

283 élèves (324*)06 mars-16 août 1958
Samedi 9 août 1958, baptême de la promotion 804: La promotion 804 a reçu ses insignes de grade au pied du tombeau de la chrétienne. Le Colonel Marey devait indiquer qu'il avait choisi ce haut lieu de l'Antiquité africaine pour sa valeur de symbole. Dominant la plaine fertile de la Mititja, que ce matin-là voilait une brume légère, le tumulus vide se dresse comme un signe orgueuilleux et dénué de sens, face à la réalité de cette plaine que fécondèrent le travail et le courage des hommes. Les signes n'ont de sens que par la réalité qu'ils recouvrent. De même les insignes de l'autorité que reçoivent en fin de stage les Elàves Officiers ne valent que dans la mesure où ils symbolisent le caractère et les vertus du chef, «qu'il vous appartient, dit le Colonel Marey, d'acquérir par votre attitude et votre action». «Sachez suivre, devait-il dire encore votre voie avec l'orgueil du constructeur au mépris de toute démagogie, et, cependant, il vous faut abandonner à vos subordonnés le bénéfice de vos succès et assurer, seuls, la responsabilité de vos échecs. Votre plus belle récompense sera le sourire de vos hommes».

Le Colonel Marey félicite Atger, Major de la promotion


Citadelle, N°2, septembre 1958

Peloton 806

277 élèves (289*)04 juillet-15 décembre 1958 Total 1958 : 1278 élèves

1959

Peloton 901

229 élèves, 1 E.O.R M.P.L.F. pendant le stage (257*)03 septembre 1958-07 février 1959
9 février 1959 : remise des galons à la 901.

P.P.E.O.R.(Peloton Préparatoire aux E.O.R.)

40 élèves F.S.N.A.(Français de Souche Nord-Africaine), 25 sélectionnés en fin de stage pour les E.O.R. 12 décembre 1958-22 février 1959
1er peloton de ce type, résultant de la volonté de promouvoir des algériens dans la hiérarchie militaire. La durée du stage fut de 11 semaines dont 5 consacrées à la formation commune de base. Sur les 25 reçus, 5 sont restés à Cherchell pour suivre le stage 904, les autres ont été répartis en métropole dans diverses écoles d'armes.

A partir de juin 1959, les promotions reçoivent un nom de baptême devant le drapeau de l’Ecole

Peloton 903, Promotion « Colonel Marey »

06 janvier -22 juin 1959 : 340 élèves (373*) 1 E.O.R M.P.L.F. pendant le stage ( Ancien commandant de l’École, janvier 1958-janvier 1959, mort au Champ d’Honneur le 28 mars 1959 Voir sa biographie dans «Parcours» et deux textes dans « Témoignages» : " Le Colonel Marey" et " La résistance à Montbrison" )

Le colonel Marey (carnet de la promo 806)

Lors du baptême de la promotion qui se déroula le 20 juin le colonel Bernachot a tenu à donner un conseil aux nouveaux officiers :
«Il me paraît en effet essentiel, primordial, et de nature à faciliter votre tâche, que de vous dire, avec toute ma foi d'officier d'active, ce que le Pays attend de vous au regard de tous ces jeunes garçons de votre âge dont vous aurez demain la responsabilité. ...le sens social de l'officier se situe pour lui sur le même plan que sa compétence technique. Leur résultante fait le chef. ...Messieurs, ce n'est pas par des gestes démagogues que l'on s'attire le respect du soldat. Ce n'est pas par un paternalisme populaire, par la flagornerie et le vif désir de popularité que l'on obtient son affection... Par contre, si vous êtes juste quoique sévère, si vous savez doser les efforts que vous lui demandez, si vous vous attachez à lui donner une forme de bien-être...la discipline que vous lui demanderez sera légère à vos subordonnés et ils reconnaîtront en vous le Chef. ...Penchez vous sur ce fantassin, ce pelé, ce tondu, ce mal-aimé. Il en vaut la peine... ...vous aimerez cette pauvre foule qu'est la troupe d'Infanterie. Elle vous le rendra au centuple. Elle fera corps avec vous dans les épreuves, elle vous soutiendra de son homogénéité et de sa masse, elle vous entourera de la chaleur de sa présence et de la qualité de son affection. Et croyez-moi, Messieurs, et c'est par là que je voudrais terminer, par delà les félicitations, les citations, les Croix, tous ces hochets de la vanité, la meilleure récompense...C'est dans les yeux de vos hommes que vous la trouverez. (Extrait de Citadelle N° 11-12-juin-juillet 1959)

Peloton 904, Promotion « Sous-Lieutenant Yves Allaire »

06 mars -22 août 1959 : 509 élèves (549*) 3 E.O.R M.P.L.F. pendant le stage (Anglade Hubert, Roux André, Robin Maurice) (Yves Allaire, ancien élève du stage 804, mort au Champ d’Honneur le 29 juin 1959, sa tombe est au carré militaire des Milles-Aix en Provence ) Yves était le fils du capitaine Bernard Allaire du 1er REP

Le sous-lieutenant Yves Allaire

Citation du Sous-lieutenant Yves Allaire

Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume, comportant la Croix de la Valeur Militaire : « Jeune officier d’un courage et d’un allant confirmés, au cours des multiples engagements auxquels il avait pris part dans les rangs du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes d’abord, puis dans ceux du Groupement de Commandos Parachutistes de réserve générale. Le 29 juin 1959, héliporté à la tête de sa section dans le Kef Mimouna (secteur d’Aflou, zone opérationnelle de l’Atlas Saharien) a immédiatement engagé le combat dans un terrain difficile, tenu par un adversaire nombreux, bien dissimulé et bien abrité. Manœuvrant avec décision, a enlevé successivement plusieurs positions, causant chaque fois aux rebelles des pertes sérieuses. A été mortellement blessé au cours d’un assaut. Restera longtemps dans le souvenir de toutes les troupes aéroportées, non seulement parce qu’il était un combattant exemplaire, plein de foi et de certitude pour la grandeur de la tâche qu’il accomplissait, mais aussi parce qu’il était un camarade éprouvé, modeste et dévoué, sachant attirer l’estime de ses chefs et l’affection de ses subordonnés ».
8 mai 1959 : Présentation de la 904 au drapeau de l’Ecole Le colonel Bernachot, s’adressant aux EOR de la promotion 904 déclare : «  …en ce jour anniversaire de la Victoire de 1945, je vous présente à votre Drapeau. Je n’ose, m’adressant à vous, employer le langage simple, mais combien émouvant, qu’utilisaient les bons maîtres de mon enfance lorsqu’ils nous parlaient du Drapeau. Je n’y fais allusion aujourd’hui, que pour déplorer l’ignorance, l’indifférence et la désaffection de toute une adolescence qui se veut très jeune émancipée, pour tout ce qui concerne l’attachement aux symboles et le respect de leur grandeur. Mais vous, qui avez choisi à l’aube de votre vie d’homme d’apporter votre intelligence et votre culture au bras séculier de la Nation, vous qui avez choisi d’être les premiers dans les durs tourments de la guerre, vous qui avez choisi d’être les premiers au feu, les premiers aussi sur les chemins de la générosité et de la charité, n’oubliez pas que ceux qui vous ont précédés ici et qui sont morts pour que vive la France, sont tombés sous les plis de cet emblème. Ce n’est point une image d’Epinal que je voudrais faire apparaître à vos yeux mais si, à l’instar des régiments qui inscrivent sur la soie de leur Drapeau le nom des batailles où ils se sont distingués, l’Ecole Militaire d’Infanterie pouvait faire de même, que d’évocations prestigieuses pourraient trouver place sur le sien et qui rappelleraient à chaque promotion d’EOR les heures de gloire des aspirants de Cherchell : Zaghouan, Tunis, le Belvédère, Monte Cassino, Rome, Sienne, la Provence, les Vosges, le passage du Rhin, Ulm, Stuttgart et tant d’autres que j’oublie. Et plus près de nous, la somme de courage et de générosité dépensée dans le Constantinois, la Kabylie, l’Ouarsenis, l’Aurès… »
Citadelle, N° 9-10, Avril-Mai 1959
Samedi 22 août 1959, baptême en nocturne de la promotion 904: Sur le stade dominé par l'écusson de l'Ecole, la promotion 904 a reçu ses galons.Une haie de C.F.J.A. (Centre de Formation de la Jeunesse Algérienne) conduisait jusqu'aux troupes les nombreuses personnalités : les généraux Challe, Massu et du Passage, M. Ahmed Baouya, député de l'Orléansvillois, le colonel de Boissieu représentant M. Paul Delouvrier, le capitaine Allaire, père de Yves Allaire dont la promotion porte le nom.
Après la remise des décorations : Médaille militaire à titre exceptionnel à l'E.O.R. Sanz, Croix de la Valeur Militaire au lieutenant Kusseling et à l'E.O.R. Nodinot, commence le baptême des nouveaux officiers de réserve.
A la question rituelle, posée par le major de promotion :
«Mon Colonel, quel nom portera la promotion ?»
Le Colonel Bernachot répondit :
«Votre promotion portera le nom du sous-lieutenant Allaire, du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes, qui vous précéda dans cette Ecole à la 1re Compagnie de la promotion 803, et qui trouva une mort héroïque le 29 juin 1959, dans le Kef Mimouna de l'Atlas Saharien, en entraînant sa section à l'assaut.»
Ce fut alors la remise des galons et la relève de la garde du Drapeau. Le moment était venu pour le Colonel Bernachot de dégager le sens de l'oeuvre que vont entrprendre en A.F.N. les nouveaux promus. Il déclara notamment :
«Votre devoir, c'est de postuler, dans les circonstances tragiques de cette guerre d'Algérie, le rétablissement énergique des valeurs qui ont été depuis des siècles, le ressort fondamental du progrès humain.
La mission de la France, depuis plus de cent ans sur cette terre d'Islam, a consisté à promouvoir un idéal humaniste...Les raisons de notre combat en Algérie sont trop complexes pour ne légitimer que les choses de la guerre. Il ne s'agit pas seulement de vaincre, mais aussi de faire revenir, sans arrière pensée, dans le sein d'une même Patrie toute une communauté attachée à nous par les liens de sang et d'espoir tissés pendant plus de 130 années.»
Le Général Challe conclut cette cérémonie par ces mots : «C'est avec émotion et satisfaction que je me trouve parmi vous ce soir où la promotion sortante a reçu ses galons. Ces galons, vous allez les mettre à l'épreuve du feu dans les djebels où la plupart d'entre vous iront avec nous maintenir l'Algérie Française.»
Après le défilé conduit par la Nouba du 1er R.T.A., 460 E.O.R. étaient devenus officiers.
Citadelle, N°13, août 1959

Peloton 906, Promotion « Georges Clemenceau »

17 juillet -22 décembre 1959 : 410 élèves classés dont 153 sous-lieutenants, 225 aspirants, 31 sergents, 1 caporal-chef (446*) 1 E.O.R M.P.L.F. pendant le stage
Le baptême de la promotion se déroula le 19 décembre 1959 dans le cadre antique des ruines de Tipasa, sur le forum, dominé par la masse colossale du Chénoua.
Selon le rite habituel le drapeau de l'école fut remis aux cadets de la promotion 001.


Extraits du discours du colonel Bernachot :
«...Dans quelques jours vous commanderez des hommes. La fonction, vous le savez, ne crée pas l'autorité. Elle peut, tout au plus, la révéler à celui qui n'a pas médité sur ses difficultés. Cette autorité dépend surtout de vous-mêmes, elle émane de votre chair et de votre âme et se reflète dans un certain nombre de traits personnels que sont le caractère, l'énergie, l'honnêteté morale. Elle dépend également de la psychologie de vos subordonnés-voire de l'évènement-mais demeure toujours fonction de votre personnalité et d'une faculté, plus ou moins souple, au commandement...
...Vous avez songé à placer votre promotion sous le signe de la haute figure de ce rude paysan vendéen, têtu, inébranlable, et qui voulut n'être, aux heures tragiques durant lesquelles il tint le destin du pays entre ses mains qu'un soldat, rien qu'un soldat, rien qu'un combattant.
...En puisant à l'immense capital accumulé par vos anciens et en tournant vos regards vers le terme que vous propose votre foi vous trouverez, Messieurs, j'en suis sûr, les forces nécessairespour dominer vos faiblesses, affermir votre volonté et continuer, dans la tradition d'une Armée virile et consciente de ses devoirs, à faire l'Histoire».
Citadelle, N°15-Janvier 1960
Total 1959 : 1484 élèves

En raison de la décision du 10 août 1959 du Ministre des Armées de former à Cherchell tous les EOR d'Infanterie, le nombre des promotions passa à partir de 1960 à 6 annuellement.(Voir "Historique")
Le premier peloton formé entièrement à Cherchell fut le 003.


1960

Peloton 001, Promotion « Colonel Jeanpierre »

(Pierre Paul Jeanpierre, né le 14.03.1912 mort au Champ d’Honneur le 29.05.1958) 10 septembre 1959-22 février 1960 : 316 élèves (336*) 3 E.O.R M.P.L.F. pendant le stage

Une promotion de Saint-cyr porte aussi son nom :

LIEUTENANT-COLONEL JEANPIERRE (Saint-Cyr 1959-1961)

Le 29 mai 1958, le Lieutenant-colonel JEANPIERRE, commandant du 1er Régiment Etranger Parachutistes tombait au cours de l’opération «Taureau 3 » sur les pentes du Djebel « Mermera », au nord de l’Oued Bou Hamdane, à l'ouest de Guelma, en Algérie. Figure légendaire de l'Armée et de la Légion Etrangère où il a servi de 1937 jusqu'à sa mort. Sorti du rang, Saint-Maixent, guerre 1939-40, Résistance, arrêté et déporté à Mauthausen, Indochine, Algérie.

Stage X- IMO ** (Instruction Militaire Obligatoire) 1959-1960:60 élèves

**Élèves de grandes Écoles admis comme aspirants officiers puis sous-lieutenants qui devaient recevoir une formation militaire.

Peloton 002, Promotion « Reggane »

13 novembre 1959-14 avril 1960 : 289 élèves (299*) Ce peloton formera 1/3 de l'effectif E.O.R., Saint-Maixent et pour la dernière fois en instruira les 2/3.

Peloton 003, Promotion « Vercors »

07 janvier -11 juin 1960 : Début de stage 328 élèves; 312 ont terminé le stage dont classés : 308 soit 118 sous-lieutenants, 175 aspirants, 15 sergents; non classés : 4 (ont conservé leur grade du début de peloton) Citadelle, N° 17, août-septembre 1960
8 juin 1960 : Le baptême de la promotion et la remise de grades aux élèves s'est déroulé à partir de 18 heures, avec la participation de la Musique du 22e Régiment d'Infanterie sur la nouvelle Place d'Armes qui, à partir de ce jour, prend le nom de « Vercors ».
A partir de ce peloton tous les E.O.R. de l'Infanterie seront formés à Cherchell (Voir lettre Ministère des Armées dans "Historique")

Peloton 004, Promotion « Monna Casale »

08 mars -13 août 1960 : 410 élèves (410*) Le baptême se déroula en nocturne sur le plateau du Vercors. Les promotions des Jeunes et des Anciens rassemblées sur deux lignes concourantes, dont les extrémités venaient se confondre au pied du mat des couleurs brillament illuminé, donnaient une impression de masse, aux contours incertains sous les projecteurs artistement disposés. Le colonel Bernachot évoqua l'épopée du Monte Cassino et rappela que les jeunes officiers formés à l'École dans les années 42-43 avaient joué un rôle décisif dans les combats du Belvedere, du Garigliano, de la Costa San Pietro et de Monna Casale, qui avaient amené la chute du Mont Cassin. Un défilé grandiose remontant l'Avenue de France clôtura la cérémonie du baptême. Un dégagement sur un thème à la fois antique et moderne termina en apothéose le stage à l'École. (D'après Citadelle n°17 août-septembre 1960)

Peloton 005, Promotion « Koufra »

06 mai -13 octobre 1960 : 368 élèves classés : 136 sous-lieutenants, 210 aspirants(dont 14 FSNA et 6 de souche africaine), 22 sergents(dont 6 FSNA) (370*) 1 E.O.R M.P.L.F. pendant le stage

10 octobre 1960

Baptême de la Promotion « Koufra »

La Promotion « Koufra » a été baptisée le lundi 10 octobre au cours d'une prise d'armes sur le Plateau du Vercors, en présence du général de Corps d'Armée Crépin, commandant en chef les forces en Algérie, du lieutenant-colonel Detbeze, des personnalités civiles et militaires de Cherchell et des cadres de l'École. Après la présentation des troupes par le lieutenant-colonel Roux, le général Crépin, accompagné du colonel Bernachot et du colonel Carrère, passa en revue les E.O.R. des promotions 005 et 006. Puis le général Crépin et le colonel Bernachot procédèrent à une remise de décorations : la Légion d'honneur au capitaine Durand et au lieutenant Delène, la Valeur militaire au commandant Oudot de Dainville, au M.D.L. chef Berbett et au sergent Dunoyer. La cérémonie du baptême commença alors. Le Major de promotion se présenta et posa la question rituelle : -Mon colonel, je vous présente la promotion 005; quel nom portera-t-elle? -Votre promotion portera le nom de « Koufra », répondit le colonel Bernachot, puis il ajouta :« Élèves Officiers de la Promotion « Koufra », au nom du ministre des Armées, je vous fait Officiers et Aspirants». Après la remise des épaulettes, le colonel Bernachot rappela le serment fait par le colonel Leclerc après la prise du fort de Koufra, puis évoqua l'épopée de la 2e D.B. de Koufra à Strasbourg. Un défilé sur l'avenue de France devait clôturer cette belle cérémonie. (Sources : Livret de Promotion et Citadelle N° 18, novembre-décembre 1960)

Peloton 006, Promotion « Aspirant Mekerta »

05 juillet 1960-10 décembre 1960 : 326 élèves (329*) (Blaha Mekerta, ancien élève de la Promotion « Vercors », mort au Champ d’Honneur le 17 août 1960) Total 1960 : 2015 élèves

7 Décembre 1960

Baptême de la Promotion « Aspirant Mékerta »

L'aspirant Blaha Mékerta


La Promotion « Aspirant Mékerta » a été baptisée le mercredi 7 décembre 1960, au cours d’une prise d’Armes qui rassemblait les Élèves et les Cadres sur le Plateau du Vercors. La cérémonie présidée par le Colonel Bernachot, commandant l’École s’est déroulée en présence de Monsieur Mékerta, père de l’Aspirant et de nombreuses personnalités civiles et militaires dont Monsieur le Sous-préfet Merleaud et le Colonel Lecoanet, commandant le 2e R.I., Unité dans laquelle servait l’Aspirant Mékerta. Après la présentation des troupes par le Lieutenant-colonel Roux et la revue passée par le Colonel Bernachot, celui-ci remettait la Croix de la Valeur Militaire au Capitaine Burgy et au Capitaine Garret, cités à l’ordre de la Brigade et au sergent Roques, cité à l’Ordre du régiment. Puis ce fut la cérémonie du baptême. Le Major s’avançait vers le Colonel :

« -Mon Colonel, je vous présente la Promotion 006. Quel nom portera-t-elle ? -Votre Promotion portera le nom de « Aspirant MÉKERTA »

Après la remise solennelle des épaulettes aux 119 Sous-lieutenants et aux 177 Aspirants, et, le « salut » de la nouvelle promotion, le Colonel devait évoquer la figure de l’Aspirant Mékerta, cet ancien de la Promotion Vercors (003) qui trouva la mort au cours d’une embuscade dans la région de Stéphane-Gsell :

« Comme vous, durant cinq mois, Mékerta avait « crapahuté » de la côte 518 aux Echelles de Jacob, comme vous, il avait connu les rallyes épuisants, les marches de nuit harassantes. Il avait dormi dans la cathédrale de Brincourt.Il avait séché en topo. Il était des nôtres. Il avait fait partie de cette entité charnelle qu’est une promotion d’EOR si riche en liens de camaraderie, si féconde en ses vouloirs, si attachante par sa personnalité chaque fois si différente et si diverse. Mékerta, par le soldat qu’il fut, représente le Chef de section que l’Armée attend de Cherchell, c’est-à-dire un chef pleinement conscient de ses responsabilités, déterminé, et prêt à les assumer. Mais aussi par le jeune que nous avons connu, par l’homme qu’annonçait sa maturité d’esprit, il symbolise, dans la qualité de son engagement, toute la foi d’une communauté musulmane tournée à la fois vers l’avenir et vers la France… Il nous a légué son exemple simple mais édifiant de jeune Chef. Il vous appelle maintenant, de toutes ses forces, à aider les siens dans la voie courageuse qu’ils ont choisi comme lui ».

Sa magnifique conduite a valu à l’Aspirant Mékerta une citation à l’ordre de l’Armée dont on donne maintenant lecture :

« Chef de section et combattant d’un grand courage, s’est distingué dès son arrivée à l’unité. Le 16 août, au retour d’une opération dans le Douar Zenime, s’est heurté avec ses éléments à une résistance ennemie du Djebel Bou-Nabel au Sud de Stéphane-Gsell (Secteur d’Aumale). Bien que pris sous le feu brutal des rebelles, a riposté. Tiré à bout portant, a été grièvement blessé au cours de l’engagement. Magnifique exemple de dévouement et d’abnégation. Est décédé des suites de ses blessures ».

Citadelle N° 19 Février- Mars 1961

Monsieur Mékerta, père de l’Aspirant mort au Champ d’Honneur


Total 1960 : 2017 élèves

1961


Peloton 101, Promotion « Sous- Lieutenant François d’Orléans »

06 septembre 1960-11 février 1961 : 274 élèves (275*) (Deuxiàme fils et quatrième enfant du Comte et de la Comtesse de Paris, ancien EOR de la promotion « Sous-Lieutenant Yves Allaire », mort au Champ d’Honneur le 11 octobre 1960)

Le sous-lieutenant François d’Orléans du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins, en octobre 1959 avec le Général Faure. (Photo « Soldats du Djebel, Histoire de la guerre d’Algérie » , François Porteu de la Morandière ; Société de Production Littéraire, rue de Vaugirard 75015 Paris

Les obsèques de François d'Orléans eurent lieu à l'hôpital Maillot le 13 octobre 1960. Le colonel Bernachot, commandant l'École, y assista à la tête d'une délégation comprenant 3 officiers et 10 EOR. A la fin de la cérémonie, le commandant Philippe Trannoy, chef de Corps du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins, termina l'éloge funèbre en ces termes : «Vous voici désormais, jeune officier, parmi nos morts glorieux, parmi ces officiers, ces cadres, ces jeunes qui s'inscrivent dans le long passé héroïque de la France, et qui ici ont tout donné pour rétablir la paix française en Algérie. Leur sacrifice ne sera pas vain. Leur souvenir demeure pour nous un guide, un exemple. Le vôtre, sous-lieutenant d'Orléans, restera comme un des plus purs».

8 février 1961

Baptême de la Promotion 101 « Sous-lieutenant François d’Orléans »

Le 8 février 1961, la Promotion 101 a été baptisée sur la Place d’Armes VERCORS « Promotion Sous-lieutenant François d’Orléans ».En choisissant ce nom, elle a voulu rendre hommage au sacrifice de son Ancien, mort pour la France le 11 octobre 1960.

« Le nom illustre qu’il portait n’a jamais été pour lui une raison de s’évader, de se distraire du sein de l’équipe, du groupe ou de la section dont il partageait-avec une bonne humeur souriante-les joies et les peines ».

C’est en ces termes que le Colonel Bernachot devait évoquer dans son allocution le passage à Cherchell de François d’Orléans. Cette même simplicité devait marquer, de façon combien émouvante, la cérémonie du baptême de la Promotion 101. Placée sous la Haute Autorité du Général de Corps d’Armée Vezinet, commandant la Région Territoriale et le Corps d’Armée d’Alger, accompagné du Général de Division Cazenave, commandant la zone Ouest Algérois et la 9e Division d’Infanterie, elle s’est déroulée en présence de Monseigneur le Comte de Paris, de Madame la Comtesse de Paris et d’une délégation du 7e B.C.A. conduite par le Chef de Bataillon Trannoy. Après la revue passée par le Général de Corps d’Armée Vezinet accompagné du Colonel Bernachot, commandant l’Ecole, a eu lieu une remise de décorations : la Croix de Commandeur de la Légion d’Honneur au Lieutenant-colonel Morand, la Médaille Militaire à l’Adjudant Bouhris et au Sergent Belkorichi Mohamed et la Croix de la Valeur Militaire au Lieutenant Letrange cité à l’Ordre de l’Armée, au lieutenant Lemonnier de Gouville, au Lieutenant Belarbi, au Sergent-chef Weller et à l’EOR Auzolat cités à l’Ordre de la Brigade.

Le Comte et la Comtesse de Paris au baptême de la Promotion « François d’Orléans »

Puis c’est le baptême et la remise solennelle des épaulettes aux 100 sous-lieutenants et aux 149 aspirants de la nouvelle Promotion. Ensuite, le Colonel, après avoir retracé brièvement la carrière du Sous-lieutenant François d’Orléans, exaltera en quelques mots très simples, les vertus exemplaires de ce jeune officier :

« François d’Orléans, volontaire pour servir en Algérie, alors que son frère le Comte de Clermont servait au 18e Dragons dans le Constantinois, c’est le symbole d’une vertu française constante et inaltérée à travers les siècles et les épreuves. Le sacrifice du jeune Prince François –a pu dire le Général de Gaulle-ajoute un service exemplaire à tous ceux que sa race a rendus à la Patrie et qui sont la trame de notre histoire. Pour nous qui l’avons connu et aimé, pour cette Ecole qui gardera avec ferveur son souvenir, François demeurera celui qui possédait ces deux irremplaçables qualités qui sont celles du cœur et de l’esprit : -Le cœur pour faire le bien ; -L’esprit pour le bien faire. Et pour éclairer d’une lumière plus vive la noble figure de ce jeune Chef de Section, le Chef de Bataillon Picollet lit, dans le recueillement général, la citation à l’Ordre de l’Armée attribuant au Sous-lieutenant François d’Orléans, du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins, la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur et la Croix de la Valeur Militaire avec palme : « Jeune officier animé du plus haut idéal et accomplissant avec simplicité les missions les plus difficiles. A remarquablement réussi comme chef de poste dans les villages kabyles qu’il a grandement contribué à pacifier par le rayonnement de sa personnalité. Toujours volontaire pour les actions de commando de chasse, s’est particulièrement distingué le 16 juin 1960, dans les Aït-Ouabane, où sa section a mis hors de combat 7 rebelles armés. Le 11 octobre 1960, a trouvé une mort glorieuse près du village de Taourirt Ali Ou Naceur, (Grande Kabylie) en conduisant une manœuvre hardie pour dégager un de ses harkis blessé ». La garde du Drapeau de l’Ecole-Drapeau de ses sacrifices et de ses gloires-est alors confiée aux EOR de la Promotion 102. Puis aux accents de la Nouba du 1er Régiment de Tirailleurs Algériens, les compagnies défilent, en descendant l’Avenue de France, avec en tête, les officiers et les aspirants de la Promotion « Sous-lieutenant François d’Orléans »

Ce baptême devait avoir un lointain écho le 16 janvier dernier, en la Chapelle Royale de Dreux. Une délégation d’Anciens de la Promotion, conduite par le Sous-lieutenant Calmel, déposait, au nom de leurs camarades, une gerbe sur la tombe de François d’Orléans, honorant ainsi la glorieuse mémoire de leur ainé, exemple pour leur vie d’Officier et leur vie d’homme.
Citadelle N° 19 Février- Mars 1961

																			

Photo Ecole Article Paris-Match 18 février 1961

Le 7e BCA fait partie des 10 premiers bataillons de chasseurs à pied créés en 1840 par le Duc Ferdinand-Philippe d'Orléans, ancêtre de François d'Orléans. Son insigne est le "Diable au corps".Sa fourragère est aux couleurs de la Croix de guerre 14-18. Son refrain : "Bataillon, bataillon, bataillon de fer. Bataillon, bataillon, bataillon d'acier". La marraine actuelle du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins est la Princesse Hélène de France, sœur du Sous-lieutenant François d’Orléans. Depuis décembre 1962, le 7ème B.C.A est stationné à Bourg-Saint-Maurice en Haute Tarentaise. Dans le cadre du livre blanc sur la défense la nouvelle carte militaire prévoit le transfert du Bataillon à Varces dans l'Isère. En 2012, le « 7 » a été transféré à Varces, rejoignant l'état-major de la brigade et le 93e Régiment d'Artillerie de Montagne.
«Devant la gare maritime d’Alger, je croisai un grand gaillard en tenue bleue : François d’Orléans. Il vint me remercier de lui avoir conseillé de choisir un bataillon alpin : il avait été affecté au commando de chasse. Je le félicitai, car il venait de recevoir la Croix de la Valeur Militaire. Quelques mois auparavant, alors que j’assistais à l’amphi-garnison, il était venu me trouver, fort penaud : -Mon lieutenant, je n’ai pas assez travaillé et je suis trop mal classé pour avoir une unité parachutiste, que me conseillez-vous de choisir ? -Monsieur, avec le nom que vous portez, vous vous devez de choisir un bataillon de chasseurs !» Général Jean Salvan « Soldat de la guerre Soldat de la Paix », page 172

Stage X- IMO, 3 octobre 1960-1961, 44 élèves. Commandant du peloton : capitaine Garret.


Peloton 102, Promotion « Capitaine Claude Barrès »

06 novembre 1960 – 23 avril 1961 : 863 élèves classés dont 325 sous-lieutenants, 487 aspirants et 51 sergents (945*)
( Claude, Henri, Maurice Barrès né le 22 mars 1925, petit-fils de l'écrivain Maurice Barrès, tué le 26 mai 1959 à la tête de la Compagnie d'Appui du 9e Régiment de Chasseurs Parachutistes dans le Djebel Harraba, près de l'Ouenza, à la frontière tunisienne.* Claude Barrès avait rejoint, à 17 ans, les Forces Françaises Libres en Angleterre.Formé à Ribbesford à l'Ecole des Cadets de la France Libre, promotion 1943 "Corse et Savoie". Parachuté dans la région de Lyon en août 1944 avec une équipe «Jedburgh** » puis en Hollande en janvier 1945. A participé à la guerre d'Indochine et de Corée. Commandeur de la Légion d'Honneur, une blessure, 10 citations ) *Sur ce combat, voir « Se battre en Algérie» , Patrick-Charles Renaud, page323 **Jedburgh, du nom d'un village écossais : équipes de 3 hommes, un officier britannique ou américain, un officier français, un sous-officier radio.Leur mission était de renseigner le commandement allié sur l'état des maquis, organiser les parachutages etc.

16 avril 1961

Baptême de la Promotion 102 « Capitaine Claude Barrès »

La promotion « Capitaine Claude Barrès » a été baptisée le dimanche 16 avril 1961 au cours d'une prise d'armes qui rassemblait les cadres et les élèves de l' La cérémonie était placée sous la haute autorité du général d'armée Gambiez, commandant en chef les forces en Algérie, et s'est déroulée en présence de Monsieur et Madame Philippe Barrès. Après la revue des troupes passée par le général d'armée Gambiez, accompagné du colonel Bernachot, commandant l'École, et du colonel Carrère, commandant en second, eut lieu une remise de décorations, la Légion d'honneur au sergent-chef de réserve Benouhalima; la médaille militaire à l'adjudant Le Romancier et au sergent-major Confaix et la croix de la Valeur militaire au chef de bataillon Grillot et au capitaine Andrea. Puis ce fut le baptême et la remise solennelle des épaulettes aux 325 sous-lieutenants et aux 487 aspirants de la nouvelle promotion. Le colonel commandant l'École retrace alors l'étincelante carrière du jeune héros dont l'exemple animera les futurs chefs dans l'accomplissement de leur noble et rude tâche. Le général d'armée Gambiez s'adresse alors aux officiers et aspirants: « Vous devez vous efforcer d'imiter les vertus du capitaine Claude Barrès pour mener à bien les tâches qui incombent encore à l'armée en ce pays. Je vous demande simplement d'appliquer tous les enseignements qui viennent de vous être donnés dans cette École pour devenir des hommes, pour devenir des chefs dignes de ce nom et dignes du nom de votre promotion. Je compte personnellement sur votre foi, sur votre volonté, sur votre sens de l'humain enfin, toutes qualités si nécessaires à la réussite complète de l'oeuvre fraternelle à laquelle vous allez participer». Evoquant la devise de l'École, le général d'armée Gambiez conclut : «Promotion 102, avec le capitaine Claude Barrès, je prescris maintenant à chacun de vous : «Assume, toi aussi, la charge exaltante du commandement». (Extrait du livret de Promotion)
La promotion 1991-1993 de l’E.M.I.A. fut baptisée du nom de Claude Barrès.

Le capitaine Claude Barrès

Peloton 103, Promotion « Maréchal Lyautey »

05 janvier- 10 juin 1961 :
339 élèves classés dont 128 sous-lieutenants, 189 aspirants, 22 sergents (365*)
(Citadelle, N°21, juillet-août 1961)

7 juin 1961

Baptême de la Promotion 103 « Maréchal Lyautey »

La Promotion « Maréchal Lyautey » a été baptisée le 7 juin 1961 au cours d'une prise d'armes qui rassemblait les cadres et les élèves de l'École sur le Plateau du Vercors. La cérémonie, placée sous la haute autorité du général Barlier, sous-chef d'état-major de l'armée, représentant le général d'armée, chef d'état-major de l'armée, s'est déroulée en présence de M. Pierre Lyautey, neveu du maréchal. Après la revue, passée par le général Barlier accompagné du colonel Bernachot, commandant l'École, le major de promotion pose la question traditionnelle à laquelle le colonel commandant l'École répond : «Votre promotion portera le nom de « Maréchal Lyautey ». Puis ce fut la remise solennelle des épaulettes aux 123 sous-lieutenants et 189 aspirants de la nouvelle promotion. Le colonel commandant l'École félicite alors les nouveaux officiers pour le choix qu'ils ont fait en se plaçant sous le prestigieux parrainage du Maréchal Lyautey : «...Il m'a paru-en me penchant sur la richesse d'une telle existence- qu'un lien rattachait celle-ci à votre promotion. L'originalité de ce lien ne réside point dans les fastes d'un proconsulat marocain, dans les succès du pacificateur du Tonkin et de Madagascar, ou même dans les enthousiasmes des rencontres du jeune capitaine avec Albert de Mun; mais, plutôt, dans la jeunesse d'âme qui caractérisait cette personnalité hors série et la « joie dans l'action », idée force impérieuse qui s'est affirmée exigeante et pleine d'efficacité, tout au long de la vie de Lyautey... Le Maréchal a cessé de vivre. Il n'a pas cessé d'exister et vous avez choisi- Messieurs- de vous placer sous le signe de son message, de sa foi, de sa gloire. Elles doivent rayonner à jamais dans l'esprit de votre promotion... Jeunes officiers, c'est la singulière grandeur du message de Lyautey, que checun d'entre vous puisse y trouver ce tourment créateur qui animera vos actions, la foi qui les sanctifiera et la noblesse d'esprit, hautaine et charitable, qui grandira vos âmes et enrichira vos destins». (Extrait du livret de Promotion)

Peloton 104, Promotion « Débarquement de Provence »

7 mars-13 août 1961 : 319 élèves ont terminé le stage dont 123 sous-lieutenants, 181 aspirants, 13 sergents (333*)
(Citadelle, N°22, septembre-octobre 1961)
2 E.O.R M.P.L.F. pendant le stage (Arnoux Paul, Coindre Pierrre)

9 août 1961

Baptême de la Promotion 104 « Débarquement de Provence »

Très tôt le matin du 9 août 1961 une animation inhabituelle donnait à Cherchell un air de fête. Il était à peine 8 heures et pourtant de nombreuses personnes se dirigeaient vers l'avenue de France et les grilles de l'École : la promotion 104 allait être baprisée aux premières heures de la journée, avant que le soleil n'ait pu surchauffer le plateau du Vercors. La remise des insignes de grade aux Élèves-Officiers et la passation de la garde du Drapeau à la promotion des cadets se déroulèrent au cours d'une prise d'armes placée sous la haute autorité du général Ailleret, représenté par le génétal Besson, adjoint au Commandant Supérieur des Forces en Algérie. La cérémonie eut lieu en présence du général Boulanger, commandant la Z.O.A. de la 9e D.I., de M. Ourabah, préfet d'Orléansville et de Messieurs les Présidents des Anciens de « Rhin et Danube », de la 1re D.F.L., de la 2e D.B. et du C.E.F. d'Italie. Après la présentation des troupes par le lieutenant-colonel Roux, le général Besson, accompagné du colonel Bernachot, commandant l'École, et du chef de bataillon Grillot, chef d'état-major, passa en revue les Cadres et les Élèves de l'École. Puis le major de la promotion s'avança et dit : -Élève-Officier de Réserve Le Maout, major de promotion. Mon colonel, je vous présente la promotion 104. Quel nom portera-t-elle ? Le colonel répondit : -Votre promotion portera le nom de « Débarquement de Provence ». Après la remise des épaulettes, le colonel s'adressa aux 123 sous-lieutenants et aux 181 aspirants. Il commença par évoquer les différentes phases de ce moment historique que fut, il y a dix-sept ans, le débarquement de Provence. Il rappela que c'est à un commando français, placé sous les ordres du lieutenant-colonel Bouvet, que l'État-major avait réservé l'honneur d'aborder le premier en France. Le colonel brossa ensuite le tableau de ce matin brumeux sur lequel se levait l'aube de la libération : «Ce matin-là, un brouillard épais couvre les côtes. Hallucinés, ceux de la 1re Armée, massés à l'avant des navires, essaient de percer le manteau de brume qui cache l'objectif. Jusqu'à ce que, soudain, dans un soleil éclatant, au milieu du vacarme des batteries des navires de guerre, la terre de France apparaît, dans un luxe de couleurs et de douceur tel que jamais, dans son plus fol espoir, aucun de nous n'avait pensé la retrouver si belle(...). Jeunes Chefs, vous apporterez à ceux qui l'attendent de vous, comme notre pays en 1944, le soutien et l'exemple d'une jeunesse décidée à garder sa foi dans les destins de notre pays(...). Mais que votre pensée, lundi prochain, lorsque vous apercevrez les blondes plages de Provence, s'attarde, en un tribut de reconnaissance, sur le souvenir de ceux de vos anciens qui sont tombés avant d'avoir vu nos drapeaux et nos étendards victorieux flotter au delà du Rhin et du Danube». Le colonel Bernachot, après avoir déclaré aux nouveaux promus qu'ils étaient les héritiers de ceux dont le sacrifice a été le prix de la libération, conclut : «En votre nom, officiers et aspirants de la promotion « Débarquement de Provence », je témoigne, je promets que vous serez dignes de leurs vertus». Enfin, aux accents de la belle musique de la garnison d'Alger, sur la majestueuse avenue de France, l'École défila devant son drapeau.

Promotion « Débarquement de Provence »
Le général Besson, accompagné du colonel Bernachot et du lieutenant-colonel Roux, passe les troupes en revue


(Extrait du livret de Promotion)

Peloton 105, Promotion « Mémorial de Cherchell »

05 mai-11 octobre 1961 : 413 élèves classés dont :157 sous-lieutenants, 234 aspirants, 22 sergents (431*) 1 E.O.R. M.P.L.F. pendant le stage

octobre 1961

Baptême de la Promotion 105 « Mémorial de Cherchell»

L'Élève-Officier de Réserve Mahaut, Major de promotion, s'avança et dit : -Mon colonel, je vous présente la promotion 105. Quel nom portera-t-elle ? Le colonel Carrère, commandant provisoirement l'École, répondit : -Votre promotion portera le nom de « Mémorial de Cherchell ». La quarante-sixième promotion d'E.O.R.d'infanterie venait d'être baptisée. Le général de Menditte, commandant la Région Territoriale et le Corps d'Armée d'Alger, s'approcha de celui qui, depuis un instant, était devenu le sous-lieutenant Mahaut et lui remit ses épaulettes. Le même geste était répété pour les 157 sous-lieutenants et les 234 aspirants de la promotion. Puis le colonel Carrère prononça une allocution : Il exprima d'abord la signification profonde du choix de ce nom de baptême : « Dans ce nom : « Mémorial de Cherchell », resplendit l'idée magnifique d'un hommage collectif à tout ce que, par les mérites de vos anciens, les Vivants et les Morts fraternellement unis, Cherchell signifie (...). En assumant un tel hommage, vous vous êtes engagés, à partir de ce jour, à être le « Mémorial vivant de Cherchell ». Le colonel Carrère évoqua ensuite cette terre de lumière et d'effort, chantée par Camus, qui est celle du Cherchellois : « Vous y avez fait la preuve de vos qualités de soldats, garantes de votre valeur de chef, et infligé aux rebelles, le 11 septembre dernier, par une manoeuvre intelligente, vigoureuse et rapide, des pertes sévères, sans en subir vous-mêmes, et en conservant la maîtrise du terrain ». Puis ce fut la relève de la garde du Drapeau et le défilé, qui se déroula devant l'École, entraîné par la Nouba du 1er Régiment de Tirailleurs. Cette prise d'armes, à laquelle assistaient, outre le général de Menditte, le colonel Caraveo, commandant provisoirement la 9e D.I. et la Z.O.A., M. Piolet, Directeur Régional des Anciens Combattants, et M. Marodon, sous-préfet, avait été précédée d'une présentation des troupes par le lieutenant-colonel Roux et d'une remise de décorations : le commandant Marchand était promu officier de la Légion d'honneur, le capitaine Inchaspe et le lieutenant Jeannel nommés chevaliers de la Légion d'honneur; le commandant Reboul, le capitaine Potin, le capitaine Dorr et les lieutenants Raoul et Guyonvarch, cités à l'ordre de la Division, les sous-lieutenants Trouchaud et Valette d'Osia, cités à l'ordre de la Brigade; les Élèves-Officiers Etienne jean-Claude, Emile Erbani, Delannoy, Antoine Galignani, Grasset et Marc Gazulino, cités à l'ordre du Régiment recevaient la croix de la Valeur militaire.
Note : La 10e Compagnie,sous les ordres du capitaine Dorr, le 11 septembre 1961, avait sur renseignements accroché une bande rebelle. Bilan : 2 tués, 5 prisonniers, des armes et des documents saisis. (Extrait du livret de Promotion et de Citadelle n°22, septembre-octobre 1961)

Peloton 106, Promotion « Croix de la valeur Militaire »

04 juillet- 09 décembre 1961 : 318 élèves (345*)


Total 1961 : 2526 élèves

1962

Peloton 201, Promotion « Vosges - Alsace »

05 septembre 1961-10 févier 1962: 291 élèves classés : 104 sous-lieutenants, 158 aspirants, 29 sergents (308* dont 96 P.M.S. et 212 corps de troupe) 1 E.O.R M.P.L.F. pendant le stage (Finelli Paul)

7 février 1962

Baptême de la promotion 201 « Vosges-Alsace »

Malgré la mauvaise saison, le soleil brillait, le mercredi 7 février, à 15 heures, sur la place d'armes « Vercors », pour le baptême de la promotion 201 qui avait choisi le nom de « Vosges-Alsace ». La prise d’armes était placée sous la Haute Autorité du général Boulanger, commandant la Zone Ouest-Algérois et la 9e division d’Infanterie. Après la présentation des troupes par le lieutenant-colonel Roux et le salut au Drapeau, le général Boulanger, accompagné du général Bernachot, commandant l’École, et du colonel Carrère, commandant en second, passa la revue des cadres et des élèves de l’École. Ce fut alors le cérémonial du baptême et la remise des épaulettes. Puis le général Bernachot s’adressa aux 104 sous-lieutenants et 158 aspirants : « Voici qu’aujourd’hui votre désir de continuer à magnifier le souvenir de vos anciens s’arrête, après Toulon, Marseille et la remontée triomphale de la vallée du Rhône, sur cette bataille des Vosges-Alsace, au cours de laquelle 83 commandants de compagnie et chefs de section, formés ici, à Cherchell, devaient tomber dans les combats qui arrachèrent à l’ennemi les dernières marches du territoire national ». Le général évoqua la dure campagne de l’hiver 1944-1945.Après avoir cité l’ordre du jour numéro 6 du général de Lattre de Tassigny, daté précisément du 7 février et le communiqué de victoire, il conclut : « Notre jeunesse a besoin qu’on la fournisse d’affirmations pour pouvoir s’affirmer elle-même», disait Camus. »N’est-ce point une affirmation que celle de ces jeunes hommes dont vous vous réclamez ? Par devoir, ils ont jeté leur jeunesse à la défense de ce qui restait éternellement français, du sol à la pensée. Pour certains, dispersés au hasard dans les champs qu’ils défendaient et qu’ils marquent encore de leurs places par des herbes plus hautes, ils nous fixent le sens des fidélités et le poids des cautions. Qu’ils deviennent, ainsi que vos armes, les compagnons de vos gestes et de vos sommeils. Des uns et des autres, vous demeurerez dignes, j’en suis sûr, et vous garderez intact, lorsque demain vous aura séparés, le souvenir d’une belle Promotion, protégée et guidée par ceux de « Vosges-Alsace ». Au cours de cette prise d’armes, le commandant Armand Grillot était promu Officier de la Légion d’Honneur, tandis que le chef de bataillon Jean-Pierre Reboul, le capitaine Joseph Lecorguillé et le capitaine Mohamed Zahouani étaient nommés chevaliers de la Légion d’honneur La relève de la garde du drapeau et le défilé devant l’École aux accents de la Nouba du 1er Régiment de Tirailleurs clôturaient la cérémonie à laquelle assistaient notamment M.Marodon, sous-préfet de Cherchell; M.Baouya, député; M. Beghdad, représentant le maire de Cherchell; le colonel Damez-Fontaine, commandant le 146e R.I. et le secteur de Cherchell; le colonel commandant l’École de Koléa; le lieutenant-colonel Belle, chef d’état-major de la Z.N.A.; le capitaine de frégate Servant, commandant le Centre Sirocco. (Extrait du livret de Promotion)


Devant et au centre : Yves Toulemonde, major de promotion

Stage X-IMO 1961-1962 35 élèves


Peloton 202, Promotion « Capitaine Gérard de Cathelineau »

7 novembre 1961-14 avril 1962 : 587 élèves classés : 221 sous-lieutenants, 328 aspirants, 38 sergents (622*)
Gérard de Cathelineau : Né le 23 janvier 1921, mort au Champ d’Honneur le 12 juillet 1957 à Tamaghoucht, près Béni Douala, Grande Kabylie. Descendant direct de Cathelineau, (le “saint de l’Anjou”, premier à s’être levé contre la Révolution en 1793, blessé mortellement au siège de Nantes en juillet 1793, anobli par Louis XVIII).
Il rejoint le premier Régiment de France pour les combats de la Libération puis intégre les Forces Françaises Libres.Reçoit la croix de guerre avec étoile de bronze.
Saint cyrien de la promotion «Croix de Provence», intégrée avec deux autres promos de Saint-cyr dans la promotion «Rhin Français» de Cherchell. Il effectue deux séjours en Indochine où il est blessé en 1948. Après son deuxième séjour en Indochine il est affecté en Algérie, au 3e Bataillon du 121e Régiment d'infanterie, où il sera tué , en voulant protéger un adjudant de Gendarmerie présent à ses côtés. Il laissait une veuve de 36 ans et 4 petites filles dont l’aînée avait 10 ans.
A l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort une cérémonie a eu lieu le 12 juillet 2007 en la cathédrale Saint-Louis des Invalides et au cimetière de Meudon.

Une promotion de Saint Cyr porte également son nom :

CAPITAINE DE CATHELINEAU (1976 – 1978)

Le capitaine Gérard de Cathelineau


10 avril 1962

Baptême de la promotion 202 « Capitaine Gérard de Cathelineau »

La traditionnelle prise d'armes a eu lieu le mardi 10 avril, à 10h30, sur le Vercors. Elle était placée sous la présidence du général Bernachot et s'est déroulée en présence de Madame Gérard de Cathelineau. Après la présentation des troupes par le lieutenant-colonel Roux aux Autorités et le salut au Drapeau, le général Bernachot, accompagné du colonel Carrère, commandant en second, passa la revue des Cadres et des Élèves de l’École. Alors les récipiendaires s'avancèrent pour recevoir, des mains du général, la rosette d'officier de la Légion d'honneur ( M.Brahm-Safri ) la médaille militaire ( adjudants Amodru, Erwin, Franois, Landolfini, Rogeon) ou la Croix de la Valeur militaire ( chef de bataillon Simonin, capitaine Le Mener, capitaine Rhenter, lieutenant Dupouy, adjudant Michelin). Puis l'élève-officier Lefort, major de promotion, suivi des quatre majors de compagnie, présenta la promotion 202 au général qui répondit : « Votre promotion portera le nom de « Capitaine Gérard de Cathelineau ». Après la phrase qui consacrait les nouveaux promus et la remise des épaulettes, le général Bernachot retraça aux 221 sous-lieutenants et aux 328 aspirants la carrière du capitaine de Cathelineau. «...Ce qui compte, c'est ce qu'il nous reste de lui et le rayonnement dont témoignent les lettres de ceux qui l'ont connu et aimé et ses notes pleines de remarques psychologiques, d'introspections qui montrent avec quelle conscience aiguë et scrupuleuse il prenait ses responsabilités. «Comment concevoir mon rôle de chef ? » se demande-t-il constamment... «L'officier - lit-on dans ses carnets- c'est un seigneur qui s'impose par sa supériorité morale, son bon sens cultivé et sa conduite souriante. Il est à la fois un juge et un entraîneur. Il connaît son métier de façon approfondie. Il a l'esprit sans cesse en éveil.» Par sa vie et surtout par sa mort, le capitaine de Cathelineau est une de ces lumières dispersées par la Providence pour éclairer, de loin en loin, sur le rude chemin du Devoir, ceux qui luttent, qui doutent et parfois désespèrent. Comme lui, jeunes officiers, vous aurez la Foi. Qu'elle soit pure, forte et rayonnante. Le capitaine de Cathelineau, ce preux, chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de cinq citations, aura tout donné à son Pays : sa carrière, son foyer et sa vie. Il laisse à notre École sa Gloire, et à vous, Messieurs, son exemple. Que sa mémoire vous anime et vous inspire.» Après la relève de la garde du Drapeau, une foule nombreuse d'invités assistait, devant l'École, au défilé de l'ensemble des troupes entraînées par la Nouba du 1er Régiment de Tirailleurs. M. Marodon, sous-préfet de Cherchell, M.Beghdad, premier adjoint, représentant le maire de Cherchell, le chef de bataillon Monclerc, chef d'état majot du secteur de Cherchell, le chef d'escadron Connete, commandant le 1/43e Régiment d'artilletie honoraient la cérémonie de leur présence. (Extrait du livret de Promotion)




Photos Jean-Paul Bois


Photo Georges Depachtère

Baptême de la promotion 202 « Capitaine Gérard de Cathelineau »

Peloton 203, Promotion «Elève-Officier André Esprit »

04 janvier-09 juin 1962 : (509*) (Elève du stage mort au Champ d’Honneur le 8 mars 1962)

L'élève-officier André Esprit


ANDRE ESPRIT : CITATION
« Élève-officier de tout premier ordre qui depuis son arrivée à l’École militaire de Cherchell s’est fait spécialement remarquer par sa personnalité et son enthousiasme. Le 8 mars 1962 au cours d’une sortie en zone rebelle, a été grièvement blessé lors d’un accrochage au Marabcha, secteur de Cherchell. Est tombé en servant l’arme automatique de son groupe dès le début de l’engagement face à un ennemi particulièrement agressif. Est décédé des suites de ses blessures


6 juin 1962

Baptême de la Promotion « ÉLEVE-OFFICIER ANDRE ESPRIT»

Pour la dernière fois, trois promotions étaient réunies sur le Vercors, à 9h30, ce 6 juin 1962, pour la traditionnelle prise d'armes donnée à l'occasion du baptême de la promotion «ÉLEVE-OFFICIER ANDRE ESPRIT». En l'absence du général Bernachot, commandant l’École, appelé en mission à Paris, la cérémonie était présidée par le colonel Carrère, commandant en second. Avant son départ, le général Bernachot avait adressé aux cadres et aux élèves-officiers du peloton 203 ce message : «Le général regrette infiniment de ne pas être présent à ce baptême. Il eût aimé, une fois encore, vivre la sobre grandeur du rassemblement de l'École sur le Vercors et féliciter les élèves-officiers de la 203 d'avoir choisi le nom d'André Esprit qui demeurera por eux et toute l'École un exemple vivifiant de droiture, de générosité et de foi


Extrait du livret de promotion communiqué par Jean Masson, lieutenant-colonel (H) TDM

Après la présentation des troupes par le lieutenant-colonel Roux et le salut au drapeau, le colonel Carrère, accompagné du capitaine de Bonet d'Oléon, passa la revue des cadres et des élèves de l'École . A l'appel des récipiendaires, le sous-lieutenant Loppé et l'élève-officier Claude Boissonneau, cités à l'ordre de la brigade, s'avancèrent pour recevoir la croix de la Valeur militaire. Après le cérémonial du baptême et la remise des épaulettes, la promotion, au commandement de son major, le sous-lieutenant Jacques Teissier, s'avança admirablement alignée. Puis le colonel Carrère, dans son allocution, évoqua les trois présences spirituelles qui donnaient un caractère et un accent inhabituels à cette cérémonie, la dernière qui se déroule ici dans sa plénitude souveraine. «De votre promotion, jusqu'à cet instant, le général Bernachot, commandant l'École, était de par la tradition et par délégation, le chef. De votre promotion désormais, le chef invisible mais présent, dans la plénitude de sa personnalité et le rayonnement de son sacrifice est votre camarade, l'élève-officier André Esprit, saisi par la mort peu avant le « cessez-le-feu » dans sa grandeur d'élève-officier exemplaire. Votre choix du nom de promotion « Élève-officier André Esprit» est un double hommage. Hommage à cet ultime sacrifice sur cette terre d'Algérie, de votre camarade de promotion, qui, au milieu de vous, a offert sa vie, dans ce domaine confié à l'École aux confins de Brincourt...Hommage aussi à l'élève-officier de réserve d'infanterie qu'il incarnait si bien. Cet élève de Cherchell, alliant la jeunesse - celle du regard, de l'allure et du coeur- à une expérience de la vie et à une culture déjà approfondies; cet élève-officier rayonnant de foi, de loyauté et de dynamisme; ce futur chef, animé du goût des responsabilités et du sens de l'humain (...). Par sa mort, André Esprit est devenu votre chef et vous l'avez aujourd'hui reconnu à jamais comme tel. Et c'est lui qui offre votre promotion à la France. La France, cette troisième présence et la plus haute au-dessus de tous, les Morts et les Vivants de Cherchell, domine comme son Drapeau notre assemblée... La France si digne objet de tant d'amour et de tant de dévouement, qui suscite dans la beauté de leur être et de leur accomplissement des hommes comme André Esprit et qui, par eux, nous commande une résolution indomptable et un espoir malgré tout invincible... Pour cela, commandez dès demain vos soldats, puis vos hommes et servez la France comme l'eût fair André Esprit ». Ce fut ensuite la minute émouvante du passage du Drapeau du bataillon des Anciens à celui des Cadets qui devenait par ce geste bataillon des Anciens. La cérémonie se termina par un défilé des troupes brillamment entraînées par la Musique de la 5e Région Aérienne. Parmi les personnalités présentes, on notait l'intendant-général Perrat, directeur de la Région territoriale et du corps d'armée d'Alger, le chef d'escadron Conete, commandant le 1/43e R.A. et le secteur de Cherchell, M.Bolloré, sous-préfet de Boghari, l'intendant Meslet et l'intendant Jugue, le chef d'escadron Molinier, chef d'état-major du 1/43e R.A. Le capitaine Dervout représentait M.Marodon, sous-préfet de Cherchell, retenu par une mission à l'extérieur. (Extrait du livret de Promotion)



Les chefs de peloton : EOR Ravanat et Chopin


EOR Ravanat, 3e à gauche : Randazzo


Le sous-lieutenant Loppé, adjoint de peloton 5e compagnie, va recevoir la Croix de la Valeur Militaire


Peloton 204, Promotion « Espoir et tradition »

06 mars-12 Août 1962 : 168 sous-lieutenants, 251 aspirants, 65 sergents (519*)

8 août 1962

Baptême de la promotion 204 « Espoir et tradition »

Peu de personnalités à la tribune « officielle », une seule promotion, la dernière de Cherchell, présentant les armes à ses Anciens, un défilé « intra muros » autour du Vercors...Ce baptême aurait été presque triste sans le soleil de cette claire matinée du 8 août, sans l'esprit de Cherchell qui demeure ainsi qu'en témoignent les Élèves-officiers de la promotion 204 en se plaçant sous le vocable de « Promotion Espoir et Tradition »

« Vous avez chargé d'histoire « Brincourt » et « Dubourdieu » et fait de Cherchell tranquille, tapie près de sa mer, de Césarée endormie, un rendez-vous d'hommes libres, chevaliers d'idéal, de courage et de foi».

« Rien ne me paraît mieux concrétiser que ces lignes(1)- devait dire le général Bernachot au cours de son allocution- la Tradition d'Honneur et de Foi des Cherchelliens, cette Tradition dont votre promotion s'est honorée en voulant en perpétuer et en magnifier le souvenir. « Certes la tradition de Cherchell c'est tout ce qu'ensemble, vos Anciens et nous, avons peu à peu apporté à la vie de l'École ». « Mais Cherchell ne serait qu'une École comme une autre si ne s'accrochait aux vieux bâtiments, au Plateau Sud, à l'Affaïne comme au Chem Beida, le souvenir de ceux qui depuis vingt ans nous ont précédés entre ces murs. « A vous, maintenant, de transmettre ce legs à vos Cadets. Qu'il les aide à maintenir là où ils serviront, le sens des valeurs morales pour opposer à l'égoïsme le don de soi, à la molesse les vertus d'énergie physique et morale, aux lâchetés la fidélité et l'honneur ». Puis le général laissa percer son émotion « de porter pour la vingtième et dernière fois une promotion sur ces fonts baptismaux où Mars reconnaît les siens » (...) « J'ai aimé votre jeunesse, dira-t-il, j'ai apprécié sa droiture, sa pureté, son dynamisme. Et cette affection, cette admiration que je leur ai portée, vos Anciens me l'ont rendue au centuple. Pas seulement par des manifestations d'attachement à leur École mais aussi - et surtout- par leur générosité, leur courage, leur héroïsme, déployés partout où le Devoir les appelait (...) « C'est pourquoi vous ne m'en voudrez pas si, au cours de cette allocution, j'ai inversé les deux vocables dont se réclame votre promotion et si, voyant se perpétuer si magnifiquement depuis plusieurs années la Tradition cherchellienne, je fais mien, avec vous, cet espoir dans l'avenir ». Le général devait terminer en formant des voeux pour l'existence future de l'École à Montpellier. « Dans un tel cadre et malgré l'abandon de celui où 20 000 garçons de votre âge vous précédèrent, l'âme de l'École, ses Traditions, sa « marque », revivront à Montpellier. « Nous mettons tout notre espoir dans la vitalité de ceux qui nous suivront pour conserver à notre École la virilité, la flamme, le dynamisme qui ont fait sa réputation ». (1) Citation tirée d'un hommage d'un E.O.R. de la promotion « Capitaine Gérard de Cathelineau » publié dans « Ils venaient de Cherchell », Mémorial édité par l'École à la gloire de ses morts (Extrait du livret de Promotion)


Peloton 205, Promotion « Derniers de Cherchell »

mai-15 octobre 1962 : (342*)

10 OCTOBRE 1962

Baptême de la Promotion « LES DERNIERS DE CHERCHELL »


La prise d’armes était placée sous la présidence du lieutenant-colonel Dufrenne, commandant l’École en l’absence du général Bernachot qui avait adressé ce message aux élèves : « Le général retenu en France par les problèmes de transfert de l’École, ne pourra être présent à Cherchell pour le baptême de la dernière promotion de Cherchelliens. Mais sa pensée sera auprès de vous tout au long de cette cérémonie, une pensée mélancolique et attristée, mais pleine d’espoir dans l’avenir de notre École. Le général unit dans le même sentiment d’affectueuse fierté votre promotion aux vingt autres qui l’ont précédée et qui lui laissent le souvenir lumineux d’un inoubliable et magnifique commandement. »
Le colonel Carrère, ancien commandant en second ayant quitté l’Ecole le 1er juillet, avait également adressé à « la dernière promotion qu’il lui aura été donné de connaître et d’apprécier à Cherchell, l’expression de son fidèle souvenir et ses vœux les plus cordiaux ».
Après l’arrivée du Consul de France et le salut au drapeau le lieutenant-colonel Dufrenne passe la revue des troupes présentées par le chef de bataillon Simonin commandant par intérim le G.B.I.* et le 3e bataillon.
Puis c’est le rituel du baptême et l’allocution prononcée par le lieutenant-colonel Dufrenne :

« Derniers de Cherchell, c’est ainsi que vous avez voulu que l’on nommât votre Promotion…C’est bien le moment, alors que, pour la dernière fois, la dernière promotion de Cherchell se trouve rassemblée sur ce Vercors témoin de tant de serments prêtés, source de tant de courage montré, de tant de sacrifices consentis, sur ce bout de terrain pour peu de jours encore Terre de France…
De 1943 jusqu’à ce jour, sous sa devise noble et virile Ducis et tu suscipe curam-Assume, toi aussi, la charge du commandement-25 000 jeunes gens, comme vous, venus de tous les horizons, de tous les métiers, de toute condition ou confession, 25 000 jeunes gens dont vous êtes, animés d’une foi jeune, généreuse, sont venus, écoutant les conseils de l’ancien, arpentant cette terre aimée, se fondre dans le même creuset de l’enthousiasme, du savoir et du sacrifice. »

Le lieutenant-colonel Dufrenne retrace alors l’histoire de l’Ecole et rend hommage à la gloire de ses Anciens.

« De tous ces sacrifices, de toutes ces blessures, de toute cette peine, de ces citations glanées en masse, honorant le mérite de chacun, vous, de la promotion Derniers de Cherchell, avez la charge lourde mais glorieuse. Car vous êtes des leurs, la gloire de Cherchell est la vôtre. Il vous faut la soutenir et la porter plus loin…
A partir de maintenant et toujours. Maintenant, dans quelques jours, au milieu des hommes dont vous serez les chefs, donc les responsables, en leur expliquant le danger qui nous guette, en leur donnant la force de lutter, en leur apprenant les moyens de faire face. Demain, plus encore peut-être, quand vous aurez repris vos occupations civiles, vous appuyant sur le souvenir de vos anciens et pour que leurs sacrifices, animés par un espoir profond, ne soient pas inutiles, vous conduirez, par votre exemple et votre action nos concitoyens vers les mêmes buts en leur donnant la foi, en les protégeant contre le mensonge, la duperie ou la simple indifférence…
A cette tâche grandiose, vous êtes prêts, puisque, par le nom de votre Promotion vous avez choisi de poursuivre l’épopée de vos camarades.
Derniers de Cherchell, nous avons confiance en vous. A vous le Commandement. Votre Ancien vous salue.»
Puis le Drapeau de l’École, en l’absence des jeunes promotions instruites à Saint-Maixent, est confié à la Compagnie des services. Une garde exceptionnelle, composée d’un lieutenant et des sous-officiers les plus décorés, aura la noble charge de présenter notre emblème à la Première Promotion de Montpellier.
Un défilé des jeunes sous-lieutenants et aspirants, au rythme vibrant des chants de compagnie, clôture la cérémonie qui fut empreinte d’une sobre grandeur comme il convient à un Adieu.
*Groupement des Bataillons d’Instruction


La garde au drapeau.A gauche l'EOR Gérard de Angelis (photo de gauche)

Le baptême de la promotion "Les derniers de Cherchell" fut la dernière occasion de sortie du drapeau en Algérie
Total 1962 : 2175 élèves

Les pelotons 206 et 301, après le transfert de l’Ecole en métropole ont été instruits à Saint-Maixent, dans le but d’alléger la tâche de l’Ecole Militaire d’Infanterie de Montpellier


Peloton 206 134 élèves Promotion « Belvedere » Peloton 301 139 élèves Promotion « Voie Sacrée »

Les deux premières promotions instruites à Montpellier furent : Peloton 302 397 élèves Promotion « Strasbourg » Peloton 303 243 élèves promotion « Légion D'Honneur »

EDITORIAL DU NUMERO 27 DE CITADELLE :«Adieu à Cherchell» (Edité à Montpellier, novembre 1962) «Votre promotion portera le nom d'Espoir et Tradition». C'était le 8 août. Le général Bernachot baptisait sa dernière promotion. Quatre années plus tôt, ce même 8 août, Citadelle voyait le jour. Un baptême et un anniversaire : deux évènements joyeux. Pourquoi alors ne régnait-il pas dans nos coeurs cette exaltation des moments de fête ? Pourquoi cette mélancolie qui s'empare de notre être à l'heure crépusculaire ? Pouvions-nous oublier qu'une page était en train de se tourner ? Pouvions-nous oublier que demain cet univers que nous avions habité, ne serait plus nôtre ? Il aurait fallu être bien insensible pour abandonner sans la moindre émotion ce glorieux périmètre qui s'appelait Cherchell, sur lequel nous avions travaillé, lutté, souffert parfois. Sur lequel aussi nous nous étions enrichis en forgeant nos volontés à la dure école de l'exercice et de la discipline. Et comment ne pas s'attacher à cette terre ensoleillée que notre labeur quotidien avait contribué à enluminer plus encore. Mais l'Histoire ne tient pas compte des regrets et des tristesses du coeur. Elle s'écrit avec des souvenirs. Cherchell en possède d'impérissables qui constituent un patrimoine que nul ne peut nous enlever.
Nous partons laissant Cherchell, corps désormais sans âme, s'endormir doucement dans l'indolence et la passivité (1). L'âme, nous l'emportons à Montpellier où elle va revivre plus forte que jamais. Il faut plus qu'un déménagement pour tuer l'esprit de Cherchell. Les murs peuvent changer, les horizons se transformer, la Tradition demeure et l'Espoir avec elle. Un jour nouveau se lève sur notre Ecole. Le soleil y est tout aussi radieux que de ce côté-ci de la Méditerranée.
Citadelle, pour sa part, continuera d'être le lien qui unit indissolublement ceux qui de Cherchell ou de Montpellier auront été formés à la même école de courage, de ténacité et d'abnégation.
(1) Non, Cherchell ne s'est pas endormi : l'Académie Militaire Algérienne a pris la suite. (voir "Ville moderne")

QUELQUES LIVRETS DE PROMOTIONS