L'ESPRIT DE CHERCHELL
L’École de Cherchell, fondée dans l’urgence, après le débarquement en novembre 1942 des anglo-américains en Algérie et au Maroc, n’avait évidemment à ses débuts aucune tradition. Les esprits des instructeurs et des élèves étaient orientés principalement par la préparation aux futures opérations de guerre avec une mentalité de vainqueurs.
Cependant, afin de renforcer la cohésion des promotions, les traditions des écoles militaires furent reprises par les cinq premières séries : nom de baptême de la promotion, prise d’armes suivie d’un défilé, dégagement de fin de stage. (Voir : « Les traditions d’une école militaire », page 555 « L’École des élèves-aspirants de Cherchell-Médiouna »Eric Labayle)
Après 1945 les pelotons d’EOR de 1 à 19 puis de 601 à 901 ne reçurent pas de nom de baptême .La prise d’armes au cours de laquelle les élèves recevaient leurs galons et le défilé furent conservés.
Avec le peloton 903 la tradition du nom de baptême fut reprise. Cette promotion reçut le nom du Colonel Marey, ancien commandant de l’école.
Sous l’égide du Colonel Bernachot, dernier commandant de l’École une plaquette fut éditée. Page 57 l’Esprit de Cherchell y est ainsi décrit :
« L’École Militaire d’Infanterie, vouée à la formation des Officiers de Réserve, possède de ce fait un caractère et un esprit particulier, qu’il est difficile de définir, si l’on n’en a pas fait soi-même l’expérience.
Il naît durant les « bahutages » fraternels que les anciens font aux jeunes, à l’arrivée de chaque nouvelle promotion ; il se manifeste dans les foyers des fermes, autour d’un « pot » ou d’une table de bridge, au retour d’une « nomado » ou bien d’un « crapahut » dans le Karnouche ou à la cote 341 ; il se ressent durant une séance d’ordre serré, il s’affirme au retour des « rallyes » ou durant les « dégagements », au cours desquels les incidents marquants du stage sont revus et corrigés à la mode EOR, il s’exalte au Baptême de la promotion.
Cet esprit se définit aussi par une certaine foi en soi qui n’est pas détruite par l’incompréhension partielle d’un profil de topographie ou la déficience de mémoire à propos d’un des articles du règlement.
Cet esprit s’entend aussi comme un souci de développement et de rayonnement de la personnalité, et de préparation à toutes les charges de la vie militaire et civile ; il est fait à la fois d’abnégation volontaire et d’un désir de réussir dont la récompense est bien autre chose que le simple galon de Sous-lieutenant ou le galon rayé d’Aspirant.
C’est une mentalité particulière qui est faite de la joie de s’affirmer et de se contraindre pour obtenir un peu des autres et infiniment de soi-même. »