- Ecole militaire d'infanterie cherchell - 1942 - 1962

LA VILLE ANTIQUE

Plan des vestiges de la ville antique qui s’étendait bien au-delà de la ville moderne. L’enceinte romaine, la plus étendue d’Afrique, d’une longueur de 7 km englobait 370 hectares

Cherchell fut successivement:

PHENICIENNE: antique Iol vers le Ve siècle avant J.C.
BERBERE: avec le roi Bocchus, contemporain de Jules César qui en fait la capitale d’un Etat, le royaume de Maurétanie, s’étendant de la Moulouya à l’Oued el Kébir.
ROMAINE: à la mort du roi Bocchus, la Maurétanie fut administrée par des préfets romains. Puis Juba II (vie de 52 av JC à 23 après JC), soumis à Rome obtint, en l’an 25 av JC, le royaume de Maurétanie soit le Maroc et les trois quarts de l’Algérie et plaça Iol sous le patronage de l’Empereur en l’appelant Caesarea (Césarée).

Son père, Juba Ier, roi de Numidie fut vaincu par Jules César. Emmené très jeune comme captif à Rome, il fut élevé par César, reçu une éducation plus grecque que latine et devint citoyen romain. Auguste lui fit épouser Cléopâtre Séléné, fille d'Antoine et de Cléopâtre reine d’Egypte. Tout comme Juba, Cléopâtre Séléné avait été emmenée en Italie à la mort de ses parents et reçu une éducation romaine. Ainsi ces deux enfants d’ennemis de Rome en devinrent des vassaux fidèles.

Conquise par les Vandales (Ve siècle) puis par les Arabes (fin du VIIe siècle)

Le musée comporte des œuvres remarquables : des mosaïques et des statues d’inspiration grecque, notamment l’Apollon, en marbre de l’île de Paros, commandé par le roi Juba II.

La ville a conservé d’importants vestiges : théâtre, cirque amphithéâtre, Thermes, aqueduc franchissant la vallée de l’Oued Khouas (trois étages, 35 mètres de haut) puis l’oued Bella, non loin de la ville.

L'Apollon de Cherchell en marbre de l'île de Paros commandé par le roi Juba II

Le roi Juba II (Musée du Louvre)

Cavalier numide (Mosaïque de Cherchell)

Les trois Grâces Mosaïque du IVe siècle (Musée de Cherchell)

Environ de Cherchell: L'aqueduc romain au-dessus de l'Oued Khouas (Carte postale)

Les vestiges du forum ont été découverts en 1977 par des archéologues algériens et britanniques et un nouveau musée a été construit à l’entrée de la ville


Deux sites intéressants près de Cherchell :

- A 27 kms à l’Est de Cherchell : la cité balnéaire de Tipasa,
- A 12 km de Tipasa et 261 m d’altitude : un édifice circulaire qui fut longtemps appelé à tort « le tombeau de la chrétienne », et connu à présent sous le nom de « Tombeau Royal Maurétanien ».

Tipasa :

La sœur de Cherchell, par son origine phénicienne et romaine. Des ruines dans un cadre enchanteur au bord de la mer et dominé par la masse du massif du Chenoua.Ce lieu a inspiré Albert Camus qui, dans un essai « Noces », a donné libre cours à son lyrisme et à son amour pour la terre d’Algérie, où étaient ses racines :
« Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillon dans les amas de pierres. A certaines heures, la campagne est noire de soleil. Les yeux tentent vainement de saisir autre chose que des gouttes de lumière et de couleurs qui tremblent au bord des cils. L’odeur volumineuse des plantes aromatiques racle la gorge et suffoque dans la chaleur énorme. A peine, au fond du paysage, puis-je voir la masse noire du Chenoua qui prend racine dans les collines autour du village, et s’ébranle d’un rythme sûr et pesant pour aller s’accroupir dans la mer. Nous arrivons par le village qui déjà s'ouvre sur la baie. Nous entrons dans un monde jaune et bleu où nous accueille le soupir odorant et âcre de la terre d'été en Algérie. »

« Que d'heures passées à écraser les absinthes, à caresser les ruines, à tenter d'accorder ma respiration aux soupirs tumultueux du monde ! Enfoncé parmi les odeurs sauvages et les concerts d'insectes somnolents, j'ouvre les yeux et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur ».
Extraits de « Noces » (Essais écrits en 1936 et 1937, édités en 1938 à Alger)

Albert Camus, Prix Nobel de littérature 1957;
Mondovi, auj. Dréan, 1913; + Villeblevin, Yonne, 1960

TIPASA


Le tombeau Royal Maurétanien :

Des moulures en forme de croix au-dessus de fausses portes avait valu à ce mausolée de rois maures le nom de « tombeau de la chrétienne ».On a aussi pensé, faussement, qu’il aurait pu être le tombeau de Cléopâtre Séléné, épouse de Juba II. Il semblerait que cette sépulture monumentale et royale ait été édifiée entre les IIIe et Ier siècles avant J.C. Elle a suscité de nombreuses légendes, dont celle d’un trésor, non retrouvé, sauf sans doute par des voleurs car les salles internes ont été retrouvées vides et ce malgré les efforts de pachas d’Alger dont l’un particulièrement impatient fit tirer sur le revêtement à coups de canon, sans succès.

TOMBEAU ROYAL MAURETANIEN